Considéré comme une no go zone, Guinaw Rails tente de se refaire une réputation. Mais, la réalité du quotidien aggravée par les inondations notées dans la zone ont fini par détruire cette cité dortoir au coeur de Dakar.
Nous sommes à Guinaw Rails, un quartier situé dans le département de Pikine dans la banlieue dakaroise. Ici, l’insalubrité est partout. Tenter de la qualifier, de la décrire reviendrait à parler de l’abondance de l’eau dans l’Océan. Dans ce quartier dortoir de la banlieue, la pauvreté et la précarité sont les conditions les mieux démocratisées. Avec elles, leur lot d’accompagnement: saleté, inondations, maisons abandonnées, banditisme entre autres.
Oubliées des politiques de développement et du projet phare du magistère de Macky Sall, le PSE, Guinaw les populations de Guinaw tentent de survivre. Dans ce coin perdu que les nouveaux dignitaires du Sénégal ne connaissent certainement plus, la mort est devenue un échappatoire. “Eux, au moins, échappent pour toujours au stress qui font notre quotidien”, a laissé entendre un vieux rencontré par nos reporter au cours de ce Grand Reportage.
Il arrive que des survivants de ce taudis réussissent à se monter l’escalier social. Mais, quand la fortune sonne à leur porte, la première chose qu’ils font c’est de partir d’ici. Pape Diouf, le chef de la Génération Consciente est né et à grandi. Et, même s’il ne vit plus dans cette boue, il y revient souvent. A en croire les habitants du quartier, pendant l’hivernage, ils ne dorment que d’un sommeil léger.
“On reste sur nos gardes pour ne pas être surpris par les inondations.” Les nombreux cas d’effondrements de ce qui restent de certains bâtiments, survenus un peu partout à Dakar, sont à craindre. Alors, pour ne pas être pris au piège par des tonnes de gravats, les habitants se sont résolu à abandonner certaines maisons pour se trouver un toit ailleurs, en location.
Dans cette localité, du matin au soir, quand les responsables de familles se débrouillent pour avoir de quoi se mettre sous la dent, les enfants, de leur côté, jouent dans ou à côté des eaux usées. Des eaux verdâtres et puantes qui contiennent toutes sortes de reptiles. De microbes et de moustiques.
A l’heure où le monde combat les maladies tropicales et leurs vecteurs, le Sénégal, à Guinaw Rails, incube dans de géants bassins artificiels des microbes dont il ignore tout. Ici, ni les sapeurs pompiers ni les services d’hygiène ne sont habitués du décor. Dans l’environnement de Guinaw Rails, ce sont les chèvres et les reptiles qui ont droit de cité. Les ruminants sont visibles à tous les coins et broutent les herbes devenues abondantes. A en croire des habitants de Guinaw Rails, certaines maisons sont occupées par les eaux de pluies des années 2005.
Ici, on ne connaît pas de PSE ni de bourses sociales. Encore moins des largesses de l’Etat. D’ailleurs, la seule autorité que les habitants de Guinaw Rails connaissent, c’est le maire de la commune, Pape Ndiambé Dieng. C’est lui leur héros. Et leur sauveur. A part lui, ils ne connaissent personne.
Et ne cessent d’inviter les autorités étatiques à soutenir Pape Ndiambé à les sortir de cet enfer. Pour eux, le ministère de l’hydraulique comme de l’Assainissement n’ont fourni aucun effort pour régler leur quotidien. Selon le témoignage d’un vieux, un enfant a été retrouvé mort noyé dans les inondations.
Ils ont déclaré qu’il arrive que, de ces eaux puantes, des serpents sortent des flaques et des coupes gorges et soient surpris en train de se promener. Cette cohabitation entraîne un danger permanent pour la population, surtout pour les enfants. Si ce ne sont pas les reptiles qui menacent les populations, c’est le paludisme qui, si il ne tue pas, cloue les enfants au lit des semaines durant.
Considéré pendant de nombreuses années comme une zone dangereuse, Guinaw Rails, connu pour l’obscurité qui y règne, recommence à vivre. “Aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé”, a reconnu le maire, Pape Ndiambé Dieng. Des canalisations ont été instaurées dans certains coins de ruelles. En ce qui concerne les agressions et le banditisme, les jeunes de Guinaw Rails ont confirmé que ce phénomène n’existe plus. De nos jours, avec l’instauration d’un poste de police, les populations commencent à circuler librement.
