Ce matin à 10h un nombre limité de manifestants a été présent devant les locaux de l’ambassade de Libye à Dakar pour dénoncer les conditions de détention et de vie des migrants africains en Libye. Pour Mamadou Diop Decroix, l’Etat n’a pas fait son devoir dans ce dossier.
Après Paris en France où on a connu une manifestation monstre qui s’est dispersée aux coups de lacrymogènes, c’est au tour de la capitale Sénégalaise de porter la voix des révoltés face à cette crise humanitaire indigne de notre époque. Face au silence assourdissant des dirigeants africains qui auraient dû venir en aide à ces jeunes malmenés, torturés et vendus comme du bétail, la rue sénégalaise a voulu se faire entendre. Pour ne pas se rendre complice.
L’opposition qui a pris la balle au rebond n’a pas été indifférente à cette situation. Présent dès les premières heures, Mamadou Diop Decroix, ancien ministre libéral et proche d’Abdoulaye Wade a dénoncé ce fléau qui fait l’actualité. Et dit toute sa colère contre le gouvernement sénégalais.
Et selon lui, “il y’a toujours eu des scandales dans les pays arabes par rapport à cette humiliation que constitue la vente d’êtres humains comme du bétail“. Si le combat de l’opposition sénégalaise vise l’Union Européenne, “c‘est parce que l’UE a conclu des accords avec la Libye pour bloquer les migrants qui viennent d’Afrique du Sahara. L’ absence d’espoir et de perspectives en Afrique fait que les jeunes tentent l’immigration.”
A en croire celui qui a été ministre d’Abdoulaye Wade pendant plus de 10 ans, “les régimes africains sont des vendus, des corrompus; donc, nous populations devrons faire face à ce fléau qui n’est pas politique. Mais, humaine. Et là, les responsabilités sont partagées”.
Ironie du sort, c’est le patron de ce même ancien ministre, Me Abdoulaye Wade, alors président de la République du Sénégal qui avait précipité la chute de Mouammar Kadhafi en n’hésitant pas à se à Benghazi -siège des rebelles- alors que le pays était soumis à un bombardement massif de l’OTAN.
Lors d’un échange de bons procédés, l’ami intime de Mouammar Kadhafi avait accepté de parrainer la cause de Nicolas Sarkozy et de Bernard Henri Levy en allant jusqu’à cautionner l’assassinat du guide libyen. En échange, l’ex président français devait aider à faire parvenir Karim Wade au pouvoir, en cautionnant la dévolution monarchique voulu par Wade, le père.
Malgré le rôle déterminant joué par le père de la Grande Jamahiria Libyenne -pour aider les Africains mais aussi pour consolider la frontière naturelle qui empêchait les hordes de migrants de vouloir rejoindre la péninsule italienne-, l’homme qui, après Nkwamé Nkrumah rêvait d’unir l’Afrique a été abandonné, vilipendé et tué comme un chien. Abdoulaye Wade et les siens avaient sabré le champagne en l’honneur du Conseil National de Transition bâti sur les ruines fumantes de la Libye de Mouammar Kadhafi.
