La mise en esclavage de migrants sub-sahariens par des groupes mafieux lybiens est en train de connaitre un nouveau tournant au Maghreb. Le Maroc qui compte de fortes communautés noires au sud de son territoire est entré dans le concert des protestations. Le royaume chérifien accuse les libyens d’avoir kidnappé ses ressortissants et de les avoir livré à ce honteux commerce. Vidéos publiées par notre correspondant à Alger, Mohamedjiaman Traoré.
Il n’y a pas que les subsahariens qui sont mis en esclavage au pays de feu Mouhamar Khaddafi. Des Marocains de peau noire comme des Tunisiens sont, eux, aussi soumis à ce commerce d’un autre siècle par des trafiquants libyens.
Arrêtés par des gardes côtes libyens, en plein désert lors de la traversée du territoire libyen ou kidnappés dans les rues de Tripoli, de Sebkha, les futurs “vendus aux enchères” sont d’abord parqués dans des prisons privées et vendus à des propriétaires terriens ou à des entrepreneurs véreux qui font suer à satiété sur les chantiers.
Lorsqu’ils ne sont pas vendus, c’est à leur familles que font appel ces criminels pour payer le prix de la rançon. “Ils appellent nos familles et nous donnent le téléphone. Ensuite, dès qu’un membre de notre famille est au bout du fil, ils commencent à nous torturer. Comme ça, lorsque la mère ou le père entendra les cris de douleurs de son enfant, ils n’hésiteront pas à payer“, a confié un Sénégalais dont la famille, à Rufisque, a dû débourser 1000 euros -655.500F CFA- pour obtenir la libération de son fils.
Si c’est le reportage de CNN qui a permis à ce phénomène de connaitre la subite notoriété qu’on lui connait depuis quelques jours, le procédé, lui, commence à être vieux. Il est apparu pour la première fois en Egypte. Depuis plusieurs années, des migrants voulant, via l’Egypte, se rendre en Israel ou dans les pays du golf sont soumis à ce honteux traitement. Arrêtés, ils ne sont libérés qu’après le paiement d’une caution versée par la famille au pays. Ceux qui n’ont personne pour payer sont simplement tués après des jours de calvaire.
“Marchandises” de choix, les Erythréens, Soudanais et Ethiopiens ont payé de lourds tributs à ces bandits djihado-businessmen. Grâce à leurs fortes communautés établies à l’étranger, ces populations, pour libérer les leurs, ont versé de fortes sommes d’argent à ces bandits islamistes égyptiens; permettant ainsi la floraison de groupuscules armés dans le désert du Sinaï.
Ce commerce filmé, pour la première fois, par les caméras d’une équipe de journalistes de CNN a créé un choc planétaire. Et de Dakar à Paris en passant par Conakry et Yaoundé, les condamnations sont tombées. Après la marche de Paris, c’est à Dakar que les marcheurs ont pris rendez vous avec la représentation du gouvernement légitime de Lybie. Dans le chic quartier des Almadies, une manifestation est prévue ce matin à 10 heures, GMT.
