Bâtir un Sénégal souverain: L’appel de Sekhou Soumaré à repenser nos dépendances

Bâtir un Sénégal souverain: L'appel de Sekhou Soumaré à repenser nos dépendances

 Lors d’un entretien exclusif accordé à Kewoulo, l’économiste Sekhou Soumaré a livré une analyse percutante sur les enjeux de souveraineté au Sénégal. Pour lui, l’indépendance réelle du pays passe par une relecture de ses dépendances internes et externes, et par la construction d’un État producteur, stratège et protecteur.

« Un pays souverain ne se résume pas à ses frontières ou à son hymne national. C’est la capacité à décider pour soi-même, à produire ce qu’on consomme et à maîtriser son destin », soutient M. Soumaré.

Dans son propos, l’économiste pointe du doigt de nombreuses dépendances : des finances publiques largement soumises à des banques étrangères, des services essentiels confiés à des multinationales, ou encore une forte vulnérabilité face aux institutions financières internationales comme le FMI ou la Banque mondiale.

Il alerte également sur l’influence des traités régionaux qui, selon lui, restreignent les marges de manœuvre du Sénégal :

« Si nos lois doivent constamment s’aligner sur des règles communautaires inadaptées à nos réalités, alors il faut oser les réviser », martèle-t-il.

M. Soumaré plaide pour un retour à l’esprit des pionniers comme Senghor et Mamadou Dia, qui avaient misé sur l’État comme moteur du développement : entreprises publiques, réforme foncière, et priorité à l’éducation.

« C’est en formant nos propres ingénieurs, économistes et chercheurs que nous bâtirons une économie endogène et résiliente », affirme-t-il.

Pour lui, l’État sénégalais doit redevenir un acteur majeur de l’économie. Il propose la création ou la relance d’entreprises publiques dans les secteurs clés : agriculture, industrie, énergie, banques, transport.
Il insiste aussi sur la nécessité d’une monnaie nationale ou locale complémentaire au franc CFA, afin de stimuler la production et de mieux maîtriser les circuits économiques.

L’entretien met en avant le rôle de l’éducation et de la formation professionnelle, avec des universités spécialisées dans les métiers portuaires, le numérique, le pétrole et le gaz.
Il appelle également à une renaissance culturelle pour renforcer l’identité nationale :

« La souveraineté passe aussi par nos façons de penser, de parler, de produire, de rêver », dit-il.

Au terme de cet échange, Sekhou Soumaré trace les contours d’un modèle de développement souverain, basé sur la production locale, l’innovation, la maîtrise des chaînes de valeur et un patriotisme économique assumé.

« Le Sénégal ne doit pas être un simple marché pour les autres. Il doit redevenir une puissance qui choisit sa voie et inspire le monde.

 

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