Politique: “Karim Wade est trop petit pour les pousser à commettre de tels actes odieux”, Amadou Barry

Ancien compagnon de route du président Abdoulaye Wade dans l’hexagone, Amadou Barry est l’un des cadres de Bok Gis Gis dans la capitale française. Membre actif de la classe politique sénégalaise, en France, Amadou Barry est l’invité week-end de Kewoulo. Dans cet entretien exclusif, réalisé en deux parties, il dit sa conception de la politique. Et croit que les politiciens sénégalais ne font pas de la politique au service des populations. “Mais, ils roulent pour leurs propres comptes”.

• Kewoulo: M. Amadou Barry, vous êtes l’un des fondateurs du parti Bokk Gis Gis du président Pape Diop, on reviendra sur lui et votre mouvement politique. Que pensez-vous de ces nouvelles alliances en construction à 6 mois de l’élection présidentielle et surtout la vague d’adhésion des politiciens au projet de second mandat de Macky Sall.

• Amadou Barry: Franchement, je suis désolé de voir ces alliances qui se forment. On dirait qu’ils ont peur des Sénégalais. C’est ridicule, on ne peut pas former un parti politique et refuser d’aller à une élection aussi importante que la présidentielle. Les politiciens aujourd’hui, au Sénégal, ne font pas de la politique, ils font simplement tout pour leurs propres intérêts. Un parti politique est fondé avec la force, avec une réelle implantation populaire pour aller à des élections. Et non pour faire des alliances. Les alliances, on ne les fait jamais avant le premier tour. Tous les politiques savent que c’est au second tour qu’on fait des alliances. Et non avant. On a même pas commencé la campagne et tout le monde se met à parler d’alliance. En tout cas, nous, au niveau de Bokk Gis Gis avec le président Pape Diop, pour l’instant, on travaille pour notre parti. Pour son ancrage et sa massification, partout. On va vers les Sénégalais, leur expliquer notre vision du Sénégal. Leur parler de notre projet pour l’eau, l’éducation, la santé. Notre vision du fonctionnement de l’université, des accidents de la route, des détournements de fonds publics par Macky Sall et ses équipes, la malgouvernance. A l’époque d’Abdoulaye on raillait les 30 ministres, aujourd’hui on compte plus de 100 ministres au niveau du palais présidentiel. On nous parlait de Karim Wade, mais aujourd’hui on nous parle de Néddo Ko Bandoùm. Même si je suis Haal Puular et que je pouvais nier ces affirmations, le constat est que l’ethnicisation dans la haute fonction est une réalité au Sénégal. Un pays, on ne peut pas le gouverner avec une famille. Malheureusement, au Sénégal, on gouverne avec un clan, une famille. Je suis désolé, au lieu de parler de l’essentiel, c’est à dire ce qui concerne l’amélioration de la vie de nos concitoyens, les partis politiques ne parlent que leurs propres intérêts.

• Quelle lecture faites-vous des retrouvailles entre vos anciens camarades, Pape Samba Mboup, Farba Ngom, Sérigne Mbacké Ndiaye et Souleymane Ndéné Ndiaye qui ont dit avoir répondu favorablement à l’appel d’Abdoulaye Wade qui a invité les libéraux à aller rejoindre leur frère, Macky Sall?

• Avant d’aller au Bokk Gis Gis, je suis un des membres fondateurs du Pds. Je connais personnellement toutes ces personnes que vous citez, dont Pape Samba Mboup qui est un ami personnel de plusieurs années. Mais, je dis, franchement, que je suis sidéré de leur comportement. Ce sont des traitres, “douniou ay goor“, comme on le dit en Ouolof. Avec tout ce que Abdoulaye Wade a fait pour eux, c’est comme ça qu’ils le paient en retour. Ils les a sortir du néant pour en faire des ministres. C’est comme Macky Sall, on lui a tout donné. Et quand il est arrivé au pouvoir, son premier acte a été de nous mettre, tous, dans des prisons. Il a envoyé un avion chercher Ousmane Ngom, l’autre grand traitre. Comme disait Abdoulaye Wade, “avec ces gens-là, j’ai perdu mon latin”.

• Est-ce que le fils, Karim Wade, pour ne pas le nommer ne serait pas le blocage qui, à défaut de permettre l’éclosion de nouveaux talents au sein du Pds, oblige les uns et les autres à aller vers d’autres horizons notamment dans le camp de Macky Sall.

• Non, c’est faux.  Ca n’a rien à avoir, ces gens-là ne croient en rien. Karim Wade n’a rien à avoir ça. Karim Wade est trop petit pour les pousser à commettre de tels actes odieux. Avec ou sans Karim Wade, ils allaient retourner leurs vestes. Ils feront pour des interêts personnels, pour ne pas connaitre la traversée du désert. Ils ne peuvent pas vivre sans le luxe que leur avait assuré Abdoulaye Wade pendant plus de 12 ans. Aujourd’hui qu’ils n’ont rien, ils sont obligés de vendre leur âme au diable pour survivre.

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