Découvert dans la journée du dimanche, “le suicide” de Maxime Sagna continue d’intriguer policiers et gendarmes à Ziguinchor. Au delà de ses anciens collègues qui se disent tous bernés par Maxime, ce sont les découvertes de l’enquête faite par Kewoulo qui en ajoutent au mystère du pendu de Kaguitte.
L’affaire du policier suicidé de Kaguitte continue d’alimenter les discussions dans l’arrondissement de Niassya. A Kaguitte, dernier lieu de passage du défunt policier, on est encore à épiloguer sur les raisons de la mort de ce jeune du terroir qui semblait sortir du lot des désœuvrés de ce village martyr. Terrorisé par plusieurs décennies d’une sordide guerre civile qui ruine la Casamance. Longtemps abandonné par les siens, le village de Kaguitte, contrôlé pendant des années par de successifs groupuscules rebelles, avait cru renouer avec la vie. Et, lorsqu’une mort brutale a frappé l’un des siens, lorsqu’elles ont appris la découverte du corps de Maxime Sagna, les populations ont eu l’impression de retomber dans les méandres d’un passé douloureux qu’elles voulaient révolues.
Membre de la jeune équipe de police scientifique de Ziguinchor, l’homme, qui a été découvert «pendu à l’aide d’un fil électrique » et d’une chaise plastique, est un taiseux qui ne s’est jamais fait remarquer du commissariat. “C’est pourquoi nous sommes tous sous le choc. Personne n’a rien vu venir.” Ont commenté de nombreux collègues interpellés sur le sujet. Détaché à Ziguinchor, le policier résidait dans la capitale régionale. Et, pour une raison jusque-là inconnue et que les populations ont tenté d’expliquer par des pratiques mystiques, -des fétiches du Kassa-, il a quitté, nuitamment, sa ville d’affectation pour rejoindre son village natal à une trentaine de kilomètres de Ziguinchor.
Selon les premières confidences en possession de Kewoulo, c’est le soir, après son service, que Maxime Sagna a quitté Ziguinchor pour Kaguitte. “Et malgré le danger sur cette route, en cette période de reprises des hostilités, il a emprunté une moto de marque “Si” pour se retrouver dans son village.” A témoigné une source anonyme. Comme pour soulager les siens de la peine qu’il s’apprêtait à leur infliger, Maxime avait pris le soin d’appeler plusieurs personnes. Pour leur présenter ses excuses. “Il m’a dit qu’il était désolé. Mais, je ne savais pas de quoi il voulait me parler“, a confié un ami du défunt.
Surpris par la brutalité de cet acte fou de leur jeune collègue de la scientifique, les policiers de Ziguinchor sont dévastés. Sonnés debout. Ils sont d’autant plus désorientés que l’homme, dont le métier était de rechercher des traces et indices susceptibles d’expliquer les morts suspectes, n’a pas laissé d’explication rationnelle sur sa propre fin brutale. Membre de la 38 eme promotion de l’école nationale de police, Maxime Sagna est mort au moment où son épouse était à Dakar. « Cette dernière, à en croire des sources proches de la famille, est rentrée hier à Ziguinchor et doit faire face aux interrogatoires de la gendarmerie nationale.»
Intervenue en zone de gendarmerie, la mort de Maxime Sagna est une énigme insondable pour le moment. Et c’est à la brigade de gendarmerie d’Escale qu’est revenue la lourde tache de faire comprendre les raisons de la mort de ce policier taciturne. Si le chef de service du commissariat de Ziguinchor et quelques collègues ont fait le déplacement de Kaguitte pour identifier le corps de Maxime Sagna, les hommes du commissaire Lamarana Diallo n’ont été que de simples spectateurs voire de possibles auditionnés sur procès verbal pour tenter de percer le mystère du pendu de Kaguitte. Vu la sensibilité de l’affaire, à la police, on ne la commente pas.
Seule voix autorisée à en parler, le commissaire Tabara Ndiaye, la patronne du Bureau des Relations Publiques de la police s’est juste contentée de nous dire que “puisque le drame a eu lieu en zone rurale, c’est la gendarmerie qui s’en occupe.” Et pour que toute information supplémentaire, elle a déclaré que “la victime n’a laissé de message ni auprès des siens ni auprès de ses collègues“. Autant dire que le taiseux policier a emporté, avec lui, ses derniers secrets. A ceux qui voudraient en savoir plus sur les raisons profondes de son acte fou, Maxime Sagna n’a pas laissé de justificatifs. Il a demandé, tout juste, qu’on lui pardonne son brutal Au revoir. Rien de plus.
