Les personnes vivant dans la zone concernée par le projet de la Société d’aménagement des côtes du Sénégal (SAPCO) à Kafountine, Diannah et Abéné ne veulent pas entendre parler de la SAPCO qui compte ériger une station balnéaire sur leurs propres terrains où ils vivent et travaillent, sans consultation préalable. S’opposant à un tel projet, les habitants sonnent l’alerte et mettent en garde contre la spoliation foncière alors que la population n’a jamais été informée de ce projet, ni questionnée.
Personne, ni l’ancien maire, ni le nouveau maire, n’a demandé l’avis de la population. On découvre également la présence d’un rapport de 100 pages sur ce projet de zone touristique qui été réalisé par un consultant français. Il contient aussi un plan du cadastre identifiant les zones concernées. Ce rapport qui date de février 2020 n’a jamais été mis à disposition de la population.
La SAPCO prévoit en effet de construire un gigantesque projet hôtelier de luxe estimé à plusieurs millions en bord de mer ainsi qu’un terrain de golf, un parc et des campements. Les partisans de ce projet mettent bien entendu en avant l’argument économique, soulignant que ce projet créerait des milliers d’emplois aux habitants de la localité. Les opposants, eux, affirment que ce projet empiétera leurs terres endommageant la végétation qui contribue également à protéger les terres.
En effet, la moitié nord du littoral concerné par le périmètre soumis à préemption/accaparement est une Aire marine protégée communautaire (AMPC d’Abéné), une des 4 premières créées au Sénégal et qui a été pionnière dans la protection de la mangrove casamançaise.
Les habitants affirment en outre qu’on ne leur a pas dit où exactement le projet aura lieu entre Kafountine, Abéné et Diannah, en d’autres termes, le site sur lequel le projet devrait voir le jour, alors même que les opérations de recensement des impactés ont démarré.
« Nous ne connaissons pas cette pratique. No parcelles de terres ne peuvent ni être vendues ni être achetées sans notre aval. La Sapco essaie de nous faire un lavage de cerveau en disant qu’elle nous aide, tout ce qu’elle veut, c’est nos terres mais nous ne l’accepterons jamais », disent-ils.
Aujourd’hui, les habitants de Kafountine, Abéné et Dianna sont tiraillés entre leur attachement à leurs terres et le mirage économique qu’entraîne un tel projet.
Moctar FICOU / VivAfrik
