Québec : une police «deux poids deux mesures» ?

La Ligue des Noirs du Québec (LNQ) dénonce une attitude de «deux poids, deux mesures» des policiers de la province selon qu’ils interviennent auprès d’une personne de race blanche versus un Noir à la suite de deux  événements survenus à Montréal et dans le Vieux-Port de Québec (dans la nuit du premier novembre dernier)

La LNQ compare la mort, le 29 octobre dernier, de Sheffield Matthews, un homme noir tué par la police, dans le quartier Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (NDG) et la capture du suspect de Québec qui venait de tuer deux personnes et d’en blesser cinq autres, alors qu’il était armé d’une épée et d’un sabre japonais.

« Mis bout à bout l’ensemble des informations disponibles montrent à priori un traitement différentiel avec la justice selon que vous êtes noir ou blanc. Les agents du SPVQ ne sont pas des surhommes et ont suivi une formation similaire à celle des agents du SPVM.», indique Max Stanley Bazin, le président la Ligue des Noirs.

« Influencer l’opinion«

La police de Montréal allègue que M. Matthews avait des problèmes de santé mentale et qu’il aurait foncé sur les policiers avec un couteau. On n’en sait pas trop pour l’instant alors qu’une enquête indépendante est en cours.

Selon lui, le service de police aurait dû attendre la fin de l’enquête avant de se prononcer publiquement sur la question. Il est aussi très critique vis-à-vis de la Fraternité policière qui défend déjà le geste de policiers montréalais.

Interrogé à savoir  s’il est d’accord avec l’analyse de la LNQ qui dénonce une politique de «deux poids deux mesures», M.Rotrand répond : «une personne raisonnable peut penser ça.»

« Je trouve intéressant qu’une personne avec une épée qui a déjà tué deux citoyens et en blessé cinq autres puisse être maitrisée alors que Sheffield Matthews a été tué. »- Marvin Rotrand.

La mairesse d’arrondissement, Sue Montgomery, a été la première à dénoncer ce qui s’est passé. Sur sa page Facebook, elle a crié au « profilage racial » et au « racisme systémique »

« À Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, nous avons une triste et tragique histoire de violence policière contre les hommes noirs. La mort insensée de personnes racisées doit prendre fin.  Le racisme systémique est indéniable. Il est présent au SPVM et dans toutes les sphères de notre société.», dénonce Mme Montgomery.

Elle rappelle que :

• Il y a plus de trente ans, un adolescent noir non armé Anthony Griffin a reçu une balle dans la tête à NDG.
• En 2018, nous avons perdu un autre jeune homme noir abattu par la police à NDG. Son nom était Nicholas Gibbs.

Selon la mairesse l’absence d’une police de proximité serait l’une des rasions à évoquer dans ce drame. Récemment, l’arrondissement a perdu son poste de quartier (PDQ) 11, ce qui soulève des interrogations.

« Cet événement tragique aurait-il pu se terminer autrement si nous avions encore eu notre propre poste de quartier ? », lance perplexe la mairesse. « Nous ne le saurons jamais.», dit-elle.

« Trop loin »

Alain Babineau , ancien policier de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et connu pour sa lutte contre le profilage racial au Québec, croit, quant à lui, que c’est « aller trop loin »  de penser de la sorte.

Il appelle à attendre la fin des enquêtes afin de déterminer les circonstances dans les cas de Montréal et de Québec. Pour lui, dans la plupart des situations il s’agit d’une question de « survie » pour l’agent en intervention face à un individu muni d’un couteau et qui foncerait sur les policiers.

« De dire systématiquement que les policiers tuent des Noirs dans des situations où ils ne tueraient pas un Blanc…ça, c’est d’aller trop loin… »- Alain Babineau.

« Que pouvons ou devons-nous conclure au regard des faits concernant les deux incidents ?», se demande la LNQ.

Il nous faut effectivement nous interroger.

« A) Le premier homme était un homme noir et a été tué par le SPVM

B) le second homme était blanc et n’a pas été tué.

c) Il y a eu usage d’arme à feu dans le cas de l’homme noir alors que dans le cas de l’homme blanc aucun usage

d’une arme à feu n’a été fait.

D) Objectivement le premier homme (qui était noir) n’avait blessé personne alors que le second (qui est blanc) en a tué deux personnes plus cinq blessés »

Il a dit

« Pourtant aucun tir d’arme à feu dans l’incident impliquant l’homme blanc alors que ce dernier avait fait la preuve de sa dangerosité en ayant blessé et tué des citoyens. Pire cet homme blanc avait clairement annoncé à l’avance ces intentions de s’en prendre à autrui selon les informations recueillies. »

« Entre l’homme noir tué par le SPVM et l’homme blanc il est clair que l’homme blanc était manifestement plus dangereux car armé non pas d’un couteau mais d’un sabre japonais. »

 

Cet article est apparu sur Intexto de novembre 2020 au Québec au Canada où le profilage racial fait régulièrement beaucoup de victimes parmi lesquels des étudiants étrangers, et où les noirs, les autochtones et les arabes sont davantage ciblés par le SPVM.