Le Sénégal et le stress de fin de mandat: application de l’aléa moral par Abou Kane

En économie l’aléa moral est une forme d’asymétrie d’information (inégalité dans l’accès à l’information) qui survient après la signature d’un contrat. Par exemple si un assuré devient imprudent après avoir signé un contrat d’assurance, on est dans ce cas puisqu’il est exposé a beaucoup de sinistres (accident, maladie, incendie, etc.) qui font supporter à l’assureur beaucoup de charges liées à son indemnisation.

C’est aussi le cas d’un employé qui change de comportement après avoir obtenu un CDI ou d’un prétendant qui courtise une femme en étant très gentil et attentionné avant de devenir agressif et arrogant après le mariage.

Ici c’est le peuple qui est la compagnie d’assurance car c’est lui qui protège le Président (à travers l’architecture institutionnelle) et lui confère tous les pouvoirs.
Avant son élection, chaque président a eu à visiter les localités les plus reculées du pays pour gagner la sympathie des électeurs avec un comportement et des discours qui rassurent mais les fins de mandat ont été stressantes pour les sénégalais.
Nous avons connu récemment une accélération de la cadence et heureusement le conseil constitutionnel vient d’appuyer sur les freins pour réduire le stress. On espère que l’élection présidentielle se tiendra bientôt.

Le système politique sénégalais fait d’un Président, un être très puissant à qui il faut toujours chercher une issue de secours. C’est comme une grande banque dont la faillite engendrerait une crise économique et financière grave et qui doit être sauvée par des fonds publics (too big to fail !). Ce n’est pas mal mais il faut un équilibre de part et d’autre. Que Dieu préserve le Sénégal !

Pr. Abou KANE
FASEG/UCAD

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