À bâtons rompus, le Chargé de communication de l’organisation guineenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH) revient sur les dérives de la Junte au pouvoir en Guinée. Il esquisse également des perspectives de solution qui pourrait aider à l’escalade…
KEWOULO: Les droits de l’homme sont de plus en plus menacés en Guinée. Quelle appréciation faites-vous de la situation?
ALSENY SALL: L’organisation guineenne de défense des droits de l’homme et du citoyen reste trés preoccupée par l’évolution de la situation générale des droits humains en Guinée. Vous n’êtes pas sans ignorer que depuis le mois de mai 2022 la Junte au pouvoir a pris une mesure d’interdiction systématique du droit de manifestation pacifique pourtant garanti par l’essentiel des instruments juridiques internationaux auxquels notre pays est partie prenante. Et ceci se passe dans un contexte où des acteurs politiques et sociaux importants etaient entrain de denoncer l’absence d’un cadre de dialogue inclusif conformément a l’esprit de l’article 77 de la Charte de la transition pour discuter des questions essentielles relatives à la conduite de la transition devant normalement deboucher à un retour à un ordre constitutionnel normal.
À cela s’est ajouter, au mois de novembre de la même année, le brouillage des ondes de certains medias privés et la coupure de l’accès aux reseaux sociaux affectant gravement la liberté d’opinion et d’informations, la liberté de la presse et le droit au travail de beaucoup de journalistes et de bon nombre de personnes, qui utilisaient les reseaux sociaux pour la vente d’articles divers et autres sans que des notifications officielles ne leur soient communiquées sur les motivations de ces mesures.
KEWOULO: Le Sécrétaire du Syndicat des Professionels de la Presse (SPPG), Sékou Jamal Pendessa, est actuellement entre liens de la détention, aprés une décision des journalistes de manifester contre les tentatives de la Junte de museler la presse en installant un climat de peur. Est-ce que vous pensez que les autorités ont franchi le Rubicon en essayant de s’attaquer à la liberté d’expression?
ALSENY SALL: Pour nous la presse est la sentinelle des libertés dans une démocratie. Empêcher les journalistes de s’exprimer est egale à empêcher le peuple de s’exprimer car c’est à travers les medias que les gouvernants et le peuple communiquent. Il faut rappeler que Sekou Jamal Pendessa est le premier responsable du syndicat de la presse privée. Et nous disons que le rôle de tout syndicaliste, c’est avant tout la defense des interêts materiels et moraux de ceux qu’il represente. Donc empêcher un syndicaliste de porter la revendication de ceux qu’il represente est contraire a nos obligations internationales en matière des droits humains. La place de Jamal Pendessa n’est pas en prison. Il doit être libérer immediatemment. Et les autorités doivent ouvrir un couloir de dialogue avec les acteurs des medias pour lever les incompréhensions actuelles. En temps de crise, le dialogue est irreversible.
KEWOULO: Dernière question, que doit faire l’État pour sortir de cette pente glissante qui n’augure rien de bon pour la Guinée?
ALSENY SALL : Pour nous, dans un tel contexte, le dialogue et la concertation avec les acteurs medias reste la meilleure voie pour une sortie rapide de crise. C’est l’alternative salvatrice…
Propos recueillis par ABDOULIE JOHN
