Fidèle à sa stratégie, le Président Macky Sall, se sachant très attendu sur la question de la troisième candidature, n’en a pas fait cas. Dans son message solennel de nouvel an, le chef de l’Etat est plutôt revenu sur son bilan et les perspectives qui s’annoncent, selon lui, sous de bons auspices.
Les Sénégalais qui attendaient le chef de l’Etat sur la question de la très controversée troisième candidature, devraient encore patienter. A près d’un an de l’élection présidentielle qui se tiendra en février 2024, sa participation ou non reste un grand mystère. Comme à son habitude, Macky Sall a laissé les millions d’auditeurs et de télespectateurs sur leur faim. Dans la dernière interview qu’il a accordée au journal américain, New York Times, il a déclaré : «Quand je me déciderai, je le ferai savoir au peuple sénégalais.» A la place, il a donc préféré s’attarder sur son bilan et les perspectives de la nouvelle année. Mais, sans lancer des piques à ceux qui, tous les jours, lui rappellent qu’il en est à son dernier mandat. «Nul ne doit s’imaginer plus grand ou plus fort que cette nation qui nous abrite tous. Nous sommes parce que le Sénégal est. Si nous sommes là aujourd’hui, rassemblés en tant que nation, c’est bien parce que nos anciens nous ont couvés et portés sur leurs épaules», a prévenu le président de la République. Macky Sall a appelé les différents acteurs du champ politique à la sérénité et au dépassement pour vivre ensemble, malgré les différences d’opinion pour préserver la stabilité du pays. Pour lui, «nous avons la responsabilité individuelle et collective de surmonter nos différences afin de cultiver notre vivre ensemble et de préserver des périls qui font le malheur des peuples». Parce que «notre honneur, c’est d’en faire autant pour nos enfants, en consolidant chaque jour le pacte de bienséance, de solidarité et de fraternité humaine qui lie cette nation, génération après génération». Le chef de l’Etat soutient qu’il continuera d’y veiller de toutes ses forces, «pour un Sénégal toujours uni, paisible, stable et prospère». Car, cette tâche incombe à tous, y compris à lui, au premier chef. D’ailleurs, il appelle au respect durang qui nous vaut le respect et la confiance de l’Afrique et du monde. Selon lui, «nous le devons surtout à notre héritage commun de nation libre, unie dans sa diversité, paisible et stable dans un monde constamment percuté par la violence et l’antagonisme, jusqu’à nos frontières». Pour Macky Sall, «chacun de nous est le légataire de cet héritage».
En gardant le silence sur la question de la troisième candidature, Macky Sall sait à quoi s’attendre. Dans son entretien avec le journal américain, il a soutenu qu’il est normal qu’il soit critiqué dans son action politique, pas seulement dans son travail de Président… Estimant qu’il n’y a pas de débat juridique, pour savoir s’il peut ou non se représenter, qu’il lui appartient la décision de dire s’il est candidat ou non.
La société civile sénégalaise ne l’entend pas de cette oreille. Dans une lettre ouverte, les organisations signataires appellent le chef de l’Etat à s’exprimer clairement et à respecter la Constitution, qui dispose, en son article 27 : «Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs.» Lors de la dernière manifestation qu’elle a organisée à la Place de Nation, la question figurait en très bonne position. C’est dire que ce débat est loin d’être clos.
N’empêche, le Chef de l’Etat voit le vie en rose. «Nous sommes passés d’un état d’indigence à un état d’émergence», dit-il.
