En échangeant avec un ami anesthésiste, il y a quelques jours, sur la situation du coronavirus au Sénégal, j’en suis arrivé à la conclusion suivante: les médecins sont laissés seuls, avec ce virus macabre qui continue faire sa sale besogne. C’est à dire tuer calmement.
En effet l’ayant appelé pour prendre les nouvelles d’un patient grave dont la famille était sans contact, il me répondit, d’abord, que “le dit patient était intubé et sans espoir“. Avant de me rappeler, quelques jours plus tard, pour me dire que “(mon) patient était décédé depuis deux jours.” Et que je dois me préparer, avec la famille, à venir récupérer le corps. Ces médecins-là sont débordés. Et pendant ce temps, des gens à longueur de journée, continuent à nier l’évidence sur la réalité du virus et ses effets dévastateurs sur les personnes dites vulnérables. Combien de décès devrons-nous avoir, par jour, pour que les autorités reviennent sur cette décision saugrenue de “laisser circuler le virus”?
Quand vous voulez faire une politique, il faut que ça soit à la hauteur de nos moyens. La première mesure barrière est de disposer de l’eau à suffisance et du savon pour se laver. Dans un pays, où il y a une pénurie d’eau chronique, “laisser le virus circuler” équivaut à condamner une bonne frange de la population. La libre circulation des biens et des personnes, l’ouverture des marchés et j’en passe. sont autant de mesures irréfléchies qui favorisent la contamination à grande échelle. Avec cette fuite de responsabilité, on se rend compte que le virus a de beaux jours devant nous, chers amis! Le relâchement est total au seul prétexte qu’on a atteint le pic. Mais, au fait, de quel pic parlent-ils s’il vous plaît? Et sur quels critères sommes nous basés pour prendre une telle décision?
Même la partie chinoise de l’autoroute à péage a repris sa sale besogne de nous prendre l’argent alors même que notre pays en guerre contre un virus sournois et dangereux. Et lorsque l’on est engagé, comme nous le sommes dans une guerre contre un virus planétaire, je crois que faire payer des ambulances transportant des malades n’est pas une bonne idée. Dans quel pays sommes-nous? Le Brésil a dépassé le million de cas. Et notre pays, le Sénégal, va -de façon certaine- vers ce gouffre. Nous l’avions dit: ” prévenir vaut mieux que guérir”. C’est triste de se l’avouer: Nous avons perdu d’avance notre guerre contre le Coronavirus. Désormais, chaque jour qui passe va avec son lot de “nouveaux cas” et de “décès.” Quand il arrive aux citoyens de tout perdre, jusque l’espoir placé en ses autorités, ils reviennent inévitablement vers le Tout Puissant! Que Dieu nous vienne en aide!
Dr Magatte Ndaw
Médecin
