Le Parlement Européen a organisé à Bruxelles le mercredi 22 novembre une conférence de haut niveau «vers un partenariat renouvelé avec l’Afrique». Cette conférence avait pour objectif d’accroitre l’importance du partenariat de l’Union Européenne. Cette rencontre souhaitait ouvrir le débat sur la nécessité d’utiliser au mieux les instruments et les ressources dont l’UE dispose pour son budget après 2020.
De nombreux thèmes notamment la paix, la sécurité, la démocratie, la bonne gouvernance, les droits de l’Homme, le changement climatique, l’environnement, la gestion de l’eau, les migrations et le développement humain ont été abordés. Les travaux se sont également portés sur les investissements en faveur d’un développement et d’une croissance durable et inclusive entre l’Union Européenne et l’Afrique.
Avec des taux de croissances annuelle dépassant parfois les 5%, la plupart des pays africains ont connu une croissance économique soutenue au cours des quinze dernières années. La participation du secteur privé, l’exploitation du potentiel des nouvelles technologies, l’agriculture sont, de l’avis des participants, des facteurs essentiels pour la création d’emploi afin d’endiguer l’immigration des jeunes. Ce point a d’ailleurs retenu toute l’attention des participants.
Les migrations, les jeunes et le développement humain
Pour Madame Francine Muyamba, Présidente de l’Union panafricaine de la jeunesse, « les responsabilités sont partagés sur le sort des migrants ». Elle salue également les dirigeants africains qui ont pris en charge le rapatriement de leurs concitoyens vers leur pays d’origine :
Selon Cecile Kyenge, ancienne Ministre de l’Intégration en Italie de 2013 à 2014, l’Afrique aime ses enfants et elle pleure lorsqu’ils la quittent. L’ancienne ministre s’interroge et se pose la question suivante : « pourquoi nos enfants quittent l’Afrique ? ». Elle soutient que « nous devons avoir une vision. Tous nos partenaires devront relever les défis. Une logique différente que celle du néocolonialisme. Le renforcement de L’Etat de droit doit être notre objectif. Nous devons aider la société civile, favoriser le changement démocratique. »
Libre circulation des personnes, Campagne de sensibilisation pour déconstruire le mythe de l’eldorado européen ou encore la reconsidération des liens entre les différents partenaires du continent sont des pistes de réflexion pour propulser l’émancipation de la jeunesse africaine. Elle soulève plusieurs axes sur les relations entre l’Europe et l’Afrique :
Vers un nouveau pôle d’attention de la coopération UE-Afrique
L’Afrique est le continent le plus jeune au monde. A l’horizon 2050, une personne en âge de travailler sur quatre sur la planète pourrait être africaine. Aujourd’hui, plus de 60% des africains ont moins de 25 ans. Ce dynamisme démographique pose des défis majeurs et ouvre des possibilités considérables. S’il est bien géré, il pourrait se trouver à la source d’un miracle économique africain qui façonnerait l’histoire du XXIème siècle. En revanche, cette croissance démographique s’accompagne d’enjeux spécifiques. En effet qui dit jeunesse, dit des besoins en matière d’éducation, de santé, d’emploi.
Pour le Docteur Mohammed &Mo& Ibrahim, fondateur et Président de la fondation Mo Ibrahim, “la lutte contre la corruption des entreprises étrangères en Afrique, la lutte contre les dictateurs, la transparence sont des priorités pour le continent africain“. Autres maux de l’Afrique selon lui, “les partenaires européens doivent balayer devant leurs portes. Nombreuses sont les entreprises européennes qui sont des actrices dans le fléau de la corruption en Afrique.”
Le soutien de l’Union Européenne
Le parlement soutient vivement la coopération de l’Union et les politiques de développement en Afrique. Il a récemment adopté, en tant que colégislateur, le règlement relatif au Fonds européens pour le développement durable. Il a modifié le projet initial, en introduisant une disposition requérant que la garantie FEDD (fond européen pour le développement durable) soit appliquée de préférence aux pays fragiles (article 8, paragraphe 2 , point 4) et en exigeant que les investissement bénéficiant de cette garantie soit mis en œuvre.
Rappelons que l’Union Européenne s’est engagée à soutenir le développement économique dans les pays d’Afrique subsaharienne dans le cadre de l’accord de Cotonou conclu avec les pays du groupe ACP. Cet accord fait figurer le développement économique en tête de la liste des objectifs à poursuivre, à l’article 1er.
La réalisation d’une croissance rapide, soutenue et créatrice d’emplois est une priorité. L’accord de Cotonou comporte une section consacrée au développement économique. Les mesures de coopération envisagées devraient tendre à développer un secteur privé dynamique, viable et compétitif, à stimuler l’investissement dans l’infrastructure de base, à œuvrer en faveur de la croissance économique et de l’éradication de la pauvreté. Le dernier fond européen de développement entré en vigueur le 1er mars 2015 est doté d’un budget de 30,5 milliards d’euros pour la période 2014-2020.
Rappelons que cette conférence a eu lieu une semaine avant le cinquième sommet entre l’Union Africaine et l’Union Européenne qui se tiendra à Abidjan en Côte d’Ivoire les 29 et 30 novembre 2017.
Cette année le thème de ce sommet est « Investir dans la jeunesse », une priorité absolue pour l’Europe comme pour l’Afrique. La paix, la sécurité, la gouvernance, notamment la démocratie, les droits de l’Homme, les migrations et la mobilité, l’investissement et le commerce, la protection de l’environnement et le changement climatique, le développement des compétences et la création d’emploi sont parmi les autres priorité du partenariat qui figurent au programme de ce grand rendez-vous en terre africaine.
Par Ibra Khady Ndiaye,
Correspondant à Paris
