5 Septembre 2021-5 Septembre 2023. Voilà deux ans que, au petit matin de ce mémorable dimanche légué à la postérité, le peuple de Guinée s’est réveillé en découvrant, dans les rues de Conakry, des camions remplis de soldats et des blindés stationnés sur tous les axes stratégiques de la capitale. Quelques heures auparavant, d’intenses rafales de Kalashnikov ont été entendus aux abords du palais présidentiel, Sékoutouréya. Lorsque le jour s’est levé sur la presqu’ile de Kaloum, les Guinéens ont appris qu’un brutal changement de régime venait s’être fait dans le sang.
Si, en ce dimanche 5 septembre 2021, peu de témoins ont raconté avoir assisté à un échange de coups de feu, -puisqu’il n’y en a pas eu-, le nombre de victimes militaires dénombré dans le camp des loyalistes laisse croire que la Garde présidentielle du Professeur Alpha Condé a été surprise et décimée -en un temps record-, par des professionnels de l’assassinat ciblé. Des snippers très bien renseignés. Et très précis dans leurs tirs, atteignant pratiquement toutes leurs cibles soit à la tête ou dans le thorax ; en tout cas dans des parties vitales ; ne leur laissant aucune chance de survie.
Si la grande majorité des guinéens ne savait pas ce qui tramait au sommet de leur État, dans de nombreuses chancelleries occidentales, le téléphone n’a pas cessé de sonner. Et, minute après minute, «les mercenaires» ont, dans les moindres détails, rendu compte de leur mission à leurs gouvernements respectifs: Français comme Américain. “Le président Alpha Condé est neutralisé !“, “Mission accomplie !.”
Sonnés par la nouvelle, les partisans de ce président pourtant très populaire en Guinée n’ont rien pu faire d’autre que d’assister, pantois, à la parade des nouveaux maitres de Conakry. Et, il n’a pas fallu beaucoup de temps pour apercevoir les premières images des putschistes qui ne sont pas des inconnus du grand public. L’ancien légionnaire Mamadi Doumbouya, les Colonels Sidiba Koulibaly, Balla Samoura, Amara Camara etc…Des officiers très connus des Guinéens et en qui le président Alpha Condé avait, pourtant, une confiance aveugle; au point de faire du légionnaire réformé, Mamadi Doumbouya, le patron de son ultra moderne bataillon antiterroriste.
Si, officiellement, c’est le Lt-colonel Mamadi Doumbouya qui a assumé le coup d’État exécuté dans le sang, en tuant froidement de nombreux “frères d’armes” chargés de la sécurité du président, ce qui n’a jamais été dit est que “ce sont des mercenaires occidentaux qui ont exécuté le coup d’État en Guinée et installé Mamadi Doumbouya au pouvoir.” Cette confidence faite à Kéwoulo, dès les premières heures du renversement du professeur Condé, est d’autant plausible que, au cours des manifestations de joie organisée à l’occasion par les nouveaux maitres de Conakry, des jeunes fêtards avaient filmé, à bord de chars blindés de l’armée, de nombreux hommes blancs lourdement armés et équipés de matériels militaires de haute technologie: des fusils de Sniper et des appareils de visée nocturne.
Sur l’une de ces images festives qui ont fait le tour du monde, des hommes identifiables avec des écussons et des insignes appartenant à des corps étrangers ont été aperçus, paradant dans les rues de Conakry. Et fêtant la chute du Président Alpha Condé qui venait tout juste de démarrer son premier quinquennat de la 4e République. Et, c’est en compagnie de ces gens-là que Mamadi Doumbouya a fait ses premiers pas de président du CNDR, un comité national qui a décidé de prendre en main le destin de ce peuple de refus, fier de ses ancêtres, jaloux de son Indépendance, et qui, depuis ce fameux 28 septembre 1958, avait toujours dit non aux colonisateurs. Aujourd’hui, installé au pouvoir, il a du mal à se séparer de ses encombrants «amis mercenaires» qui surveillent tout. Et monopolisent les affaires en Guinée.
