“La réplique de taille” annoncée par les avocats de la défense à la suite des plaidoiries de la partie civile et du procureur de la République, qui ont respectivement requis contre les accusés une peine de réclusion criminelle à perpétuité et au paiement d’une amende de 20 millions à verser à chacune des familles des victimes ou blessés semble s’être tenue. Avec Me Clédor Ciré Ly, ils tenu à ce que la plaidoirie qu’ils ont fait reste historique.
Premier à plaider devant la barre, Me Ousseynou GAYE. Ce professionnel du droit qui a été commis d’office pour assurer la défense des intérêts de Ibou SANE dit Nafoute a fustigé, tout comme Me Emmanuel Diatta et Me Yaya BODIAN, «le manque de sérieux du travail mené par la gendarmerie qui n’a jamais mis les pieds sur le lieu du crime» comme l’avait souligné Kéwoulo et qui s’est contentée d’établir comme motif de la tuerie, «une frustration qui serait née de la condamnation des quatre jeunes, membres du comité inter – villageois de surveillance de la foret et originaires de Toubacouta.»
Abondant dans le même sens, Me Henry Blaise Valentin GOMIS a dit ne pas comprendre les motifs d’élargissement –pour non lieu- des oncles de René Capain Bassène: à savoir Maurice Badji et Jean Baptiste qui auraient déclaré avoir pris part à la réunion du 3 janvier 2018 avec leur neveu. Et alors que ces derniers ont affirmé avoir participé à une réunion prépatoire des tueries, rencontre que tous ont nié avoir connue, les frères Maurice Badji –qui a fourni liste dont s’est servie la gendarmerie- et Jean-Baptiste ont bénéficié d’un non lieu. Aussi, la robe noire abordant le chef d’accusation de la «participation à un mouvement insurrectionnel» retenue contre son client, par le ministère public, s’est posé la question de comprendre pour en faire un motif invalide: «comment un civil, journaliste d’investigation peut-il, à distance, pousser un général de faction rebelle à passer à l’action ?»
Me Ciré Clédor LY qui a focalisé son intervention sur les violations des règles de droits et de procédure, s’est plu à démontrer que «les voies ayant conduit à la prononciation des inculpations contre les mis en cause seraient nulles et de nullité absolue.» Aussi, constatant pour déplorer l’absence de signature à la première page des procès verbaux des enquêtes, il a déclaré que «dans ce dossier, il n’y a que des mensonges! Par voie de conséquence il ne pourrait y avoir de condamnation». Autre supposée preuve de la gendarmerie, remise en cause par l’avocat qui aurait défendu des membres du MFDC en 1983, sont les relevés de bornages des téléphones des accusés. Selon Me Clédor «il n’y a aucun doute que cette supposée géolocalisation n’est qu’une farce de la SONATEL à l’endroit de la cour. Car si ces relevés étaient fiables, pourquoi la SONATEL n’aurait t’elle pas borné les supposés participants aux réunions à un même endroit précis? »
L’avocat qui a plaidé pour l’ensemble des accusés avait, avant de boucler, demandé à la chambre criminelle de Ziguinchor d’acquitter ses clients. Parce que avant d’en arriver à cela, il a tenu à démontrer, à travers une projection d’un mail traficoté de René Capain Bassène, pour prouver à la chambre que les emails du présumé « cerveau des tueries de la forêt des Bayottes», ont étés bien retouchés comme l’a toujours soutenu le chargé des affaires politiques de l’ANRAC, dont il avait l’honneur de défendre. L’audience a pris fin à 23h 46 mn et l’affaire est mis à délibération le 13 juin 2022.
Ange-Marie Sambou et Alassane Dramane Touré,
envoyés spéciaux à Ziguinchor
