L’exploitation du Zircon de Niafrang continue de crisper l’atmosphère en Casamance. Après avoir longuement contenu leur colère dans leur village sans être entendu, les populations ont décidé d’internationaliser leur combat. A Paris, au Canada comme à Ziguinchor, les anti projet Zircon ont mis l’Etat en garde contre les conséquences qui peuvent découler de l’exploitation de ce minerai précieux.
Le Zircon sera-t-il le nouvel élément déclencheur qui mettra le feu aux herbes encore fumantes de Casamance après un semblant d’accalmie notée dans cette région meurtrie depuis plus de 35 ans maintenant ? Tout porte à le croire.
Dans la capitale du sud du Sénégal, nombreux sont les observateurs qui craignent cette possibilité. Au cours de cette semaine, les casamançais sont sortis, nombreux, dans les rues de Ziguinchor pour dire non aux occidentaux qui veulent exploiter le Zircon découvert dans le sous sol Casamançais. Mais aussi, mettre en garde le gouvernement sénégalais qui a signé les permis d’exploitations actuellement entre les mains de ces multinationales.
Dans leurs doléances, les fils de Nianfrang -ville où l’exploitation a débuté-, ont déclaré que “ce projet d’exploration du zircon a été mis en place depuis 2004.” A en croire ces manifestants, “le gouvernement du Sénégal a utilisé tous les moyens du bord pour convaincre les fils de la Casamance à accepter cette exploitation; allant même jusqu’à corrompre certains.” Mais, la voix des anti exploitation étant plus audible que celle des acquis à la cause de l’Etat, le bras de fer est installé. Et semble être parti pour durer.
Ne sachant plus à quel saint se vouer, les populations de Nianfrang, pour préserver son environnement, a décidé marcher sur Ziguinchor pour se faire entendre. Comme le 26 décembre 1982, Ousmane Sané et ses compagnons du mouvement Kékendo se sont rendus à la gouvernance de Ziguinchor pour remettre un mémorendum au représentant de l’exécutif.
Contrairement à 1982, ils n’ont pas brulé le drapeau national et la police n’a pas tiré sur des manifestants non armés. “Mais, à en croire un des protestataires, l’exploitation du Zircon risquerait de faire revivre les armes.” Si le gouvernement s’entête à vouloir installer les multinationales sur leur terre, les populations de Niafrang ont menacé de ne pas se laisser faire.
L’Etat du Sénégal qui a pris au sérieux ces menaces n’a pas hésité à envoyer des troupes militaires combattantes pour sécuriser l’entrée des exploitants dans le village. “Et, à en croire Ousmane Sané, le porte parole des populations spoliées de Niafrang, les villageois ont barré la route et sont déterminés à conserver leurs rizières. Et à éviter les menaces graves que ce projet va avoir sur l’environnement“.
Se faisant le protecteur des populations de la Casamance, le MFDC est entré dans la danse. Si à Ziguinchor les sympathisants d’une Casamance indépendante se sont fait discrets dans la marche, à Paris et au Canada, ils ont occupé les premiers rangs des marches organisées par la diaspora casamançaise. Très intéressés par la question de ce minerai rare, les camarades de Mamadou Nkrumah Sané ont promis de ne laisser aucun centimètre de la terre de Casamance qui puisse faire l’objet d’exploitation sans l’aval des populations.
Et dans ce contexte très tendu, les populations ont désigné Aly Ngouille Ndiaye, l’actuel ministre de l’intérieur du Sénégal comme le principal responsable de cette situation. “C’est lui qui a signé les accords avec les occidentaux. Et il doit répondre de tout ce qui adviendra ici”, ont prévenu les camarades de Ousmane Sané.
