Thiaroye Kao : affrontements entre fidèles Ibadu Rahaman et forces de l’ordre

Une violente altercation a éclaté samedi dernier à Dieddah Thiaroye Kao entre des fidèles de la communauté Ibadu Rahaman et les forces de l’ordre, sur fond d’un litige foncier vieux de plus d’une décennie. Selon les sapeurs-pompiers dépêchés sur place, deux policiers ont été blessés et plusieurs personnes interpellées.

 

Le terrain en question, situé entre Pikine et Guédiawaye, est au cœur d’une vive convoitise depuis près de dix ans. En juin 2016, la municipalité de Pikine avait autorisé l’implantation d’un centre commercial sur ce même site. Mais l’imam de la mosquée FOCA, figure influente chez les Ibadu Rahaman, avait introduit un recours pour contester la légitimité de la transaction, sans toutefois produire de titre de propriété.

Déjà condamné en 2020 à six mois de prison ferme pour destruction de bien d’autrui, Papa Oumar Seck avait récidivé en s’opposant physiquement aux travaux. Remis en liberté provisoire, il continue de revendiquer le terrain à coups de prières et de bénédictions. De leur côté, les autorités locales, avec le soutien de la mairie de Pikine, ont réaffirmé leur volonté de viabiliser la zone.

Dans la nuit du 12 juillet, vers 3 heures du matin, des engins de terrassement sont arrivés sur les lieux, escortés par les forces de sécurité. La situation a rapidement dégénéré. Des fidèles présents sur place, principalement des Ibadu Rahaman, ont tenté de bloquer l’opération. Les premiers jets de pierres ont fusé peu avant l’aube, blessant deux policiers.

La tension est montée d’un cran lorsque les manifestants ont hissé des bâches pour ériger une « baraka » improvisée sur le site. Plusieurs personnes ont été interpellées, dont Alpha Diop, employé municipal, et Moussa Diallo, commerçant. Des renforts ont ensuite été déployés pour disperser la foule, aboutissant à une vingtaine d’arrestations. Parmi les personnes interpellées figure également Mame Gor Seck, petit-fils de l’ancien imam de la mosquée Ibadu Rahaman.

Les autorités locales ont condamné les manifestations. « C’est une affaire entre un promoteur privé et une association religieuse qui n’a jamais produit de titre foncier. Le terrain appartient à la collectivité », a déclaré un responsable de la mairie de Pikine.

Du côté des Ibadu Rahaman, c’est la consternation. Une cellule de crise a été mise en place à la mosquée centrale pour réfléchir à la suite à donner. Un médiateur a été sollicité pour tenter d’apaiser la situation.

Pour Ibrahima Sène, opérateur économique et responsable politique de la zone, l’intervention des forces de l’ordre a été « excessive ». Il appelle à un « retour au dialogue, dans le respect de la vocation spirituelle du lieu ».

Toutes les personnes interpellées ont été déférées lundi matin devant le parquet de Pikine-Guédiawaye. Le site reste, pour l’heure, sous haute surveillance policière. La tension demeure vive dans ce quartier où les conflits fonciers, souvent mêlés à des intérêts religieux, sont fréquents.

L’OBS

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