Mes souvenirs d’élève officier me ramènent généralement à des concepts et des postures que l’officier doit retenir et se doter en arme pour articuler son savoir-être et son savoir-faire. Parmi ces concepts un a retenu mon attention : travailler pour l’institution et non pour un chef.
Insinuant les valeurs propres du savoir-être, la loyauté, l’esprit d’engagement personnel, l’honnêteté, l’intégrité, la rigueur, le patriotisme (la liste n’est pas exhaustive), on retiendra que l’officier est formé pour être un Seigneur, un chef, un meneur d’hommes, un miroir.
Pour paraphraser le célèbre Professeur Baye Gana KEBE, je le cite « c’est un rempart magnifique, quand tout tremble et s’écroule alentour ».
Il est vrai que la perfection n’est pas de ce monde, mais aussi l’unanimité est accidentelle. Pour dire que les prophètes et les érudits ont toujours été contredits et ont subi, parfois, de leurs proches ou coreligionnaires, des trahisons ou complots ourdis par leurs détracteurs.
Quand dans une corporation, l’avancement est assujetti aux rigueurs budgétaires ou aux choix exclusifs du chef, la problématique de ces derniers peut conduire à une adversité, une inimitié non objective, voire une haine. En revisitant les cursus de l’officier, je refuserai d’admettre qu’un officier puisse être mauvais, de surcroit un officier général. Tout est lié à la compétition car basé sur des présélections, des examens et des critères très sélectifs pour atteindre le prestigieux rang d’officier général.
Je le dis haut et fort, le général Moussa Fall est un homme d’honneur et de serment, très rigoureux et aussi regardant sur les conditions de vie et de travail de ses subordonnés. Les gendarmes de ce pays ne tariront pas d’éloges à l’endroit de ce fils du Cayor. Et comme l’adage wolof le dit : « aay mbokam nioko wakh, les gendarmes ». Je ne connais pas sa famille, je n’ai jamais été le voir, il n’est jamais venu chez moi, je suis de la 5e promotion, lui de la 8e, mais je le suis depuis très longtemps. Même si sa rigueur a fait les frais d’un de mes propres, il reste et demeure quelqu’un à cheval sur les textes, serein, et au moral indéracinable.
On lui a attribué d’être le propriétaire d’un immeuble à Dakar et même des immeubles construits dans certaines casernes de la Gendarmerie, c ‘est mal le connaître.
Au-delà du traitement médiatique qu’il subit, je vis mal le manque de solidarité de ses frères d’armes de l’Armée et de la gendarmerie, davantage soucieux de leur carrière ou de perdre des strapontins. Je refuse d’admettre et même d’écouter une quelconque attaque émanant de quelqu’un qui n’a jamais porté son arme pour défendre le pays et qui s’érige en donneur de leçons.
L’armée est notre famille, on l’a connue unie et on l’a laissée unie. Ne donnez pas aux civils l’occasion de la diviser. Vous savez tous que la meilleure sanction vient de la troupe, ne commettez pas l’erreur de ne pas interroger celle-ci.
Ces jeunes officiers qui ont eu des écarts de comportement ont été extraits du sac, leur monologue ne pourra jamais prospérer.
Attaquer le général Moussa Fall, c’est désacraliser le rang d’officier général et fissurer la fraternité d’armes qui a toujours été pour moi un lien qui va au-delà du sang.
N’oubliez surtout pas que les hommes passent et les institutions demeurent, seule l’histoire retiendra. De brillants officiers ont donné à l’Armée et à la Gendarmerie leurs lettres de noblesse. Le général Moussa Fall est de ceux dont le magistère sera marqué d’une amélioration des conditions de travail et existence des hommes, mais aussi de l’équipement des forces, d’un plus ample maillage du territoire, sans oublier l’augmentation de l’assiette des casernes de la Gendarmerie.
Les Forces de Défense et de Sécurité sont assujetties à l’autorité politique et à ce titre, elles assumeront leurs missions régaliennes, quelle que soit l’autorité en place. Notre pays a connu des moments exceptionnels et n’eût été le professionnalisme du général Moussa Fall, on vivrait d’autre situations d’exception. Il s’est acquitté honorablement et rigoureusement de ses missions. On devrait lui tresser des lauriers au lieu de lui chercher des noises, surtout quand elles viennent de renégats.
Toutes nos admirations, mon général
NDER
Lt-Colonel Adama DIOP
Ancien chef de la division
Médias et stratégies de la DIRPA
