A l’instar de la France, le Sénégal expérimente depuis quelques jours le télé-enseignement dans l’espace scolaire. Mais là où la riche France a échoué à cause de la fracture numérique, le pauvre Sénégal ne peut réussir.
Connu pour son légendaire mimétisme, le Sénégal a mis en ligne des cours pour permettre aux élèves d’être constamment en contact avec le savoir. Mais ce que le ministère de l’éducation feint d’ignorer est que les outils par lesquels passent les cours ne sont pas à la portée de tous les élèves. Il s’agit bien de la télévision et de l’Internet. Un pays où l’électrification universelle, la couverture du territoire national en Internet haut débit et la dotation des élèves en ordinateurs est encore un mythe, comment pourrait-il y avoir un télé-enseignement équitable?
Dans les profondeurs du Sénégal, des milliers de foyers sont encore à l’ère des lampes-tempettes. Dans ces zones, la télévision et le téléphone portable sont encore un luxe. Peut être même que des élèves n’en ont jamais vu jusque-là. Certes, la mesure de maintenir les élèves en contact avec le savoir est salutaire. Mais les services du ministère de l’éducation ont brillé par leur incompétence pour avoir brûlé les étapes.
Le bon sens voudraient qu’ils parcourent le territoire national pour mesurer les dures réalités de la ruralité avant de mettre en oeuvre l’enseignement à distance. Cette forme d’enseignement virtuel met le ministère de l’éducation en flagrant délit de violation des principes fondamentaux qui régissent le système éducatif sénégalais que sont l’accessibilité, l’équité et la gratuité.
