Sénégal: Tragique destin d’une famille possédée jusqu’à l’infanticide de Coumba Yade

Elle fait, depuis lundi dernier, l’objet d’un placement en garde à vue au commissariat d’arrondissement de Pikine. Et, au moment où ces lignes vous parviennent, elle est certainement remise au maître des poursuites et placée en détention pour les chefs d’inculpation d’homicide volontaire sur son bébé âgé d’à peine 3 mois. Alors que, choqué par l’annonce de la nouvelle, le monde s’est indigné de la cruauté de cet acte abominable qui a poussé une mère à ôter la vie au bébé qu’elle a mis au monde, Kewoulo est retourné sur les lieux du drame. Pour comprendre et pouvoir expliquer les conditions de cet infanticide….Récit d’un drame de la société sénégalaise.

Elle s’appelle Coumba Yade. Et elle a tout juste 21 ans. Et, si l’on en croit le code pénal sénégalais, elle aura des années à passer derrière les barreaux pour le crime d’infanticide. Jusque-là inconnue du grand public, elle a réussi à se retrouver à la page Faits Divers de tous les sites internet du Sénégal après avoir mérité la Une du journal Les Echos qui a donné la nouvelle de l’infanticide; en lui trouvant comme mobile la jalousie. Présentée comme une jalouse maladive, la fille que nous avons aperçue, ce matin, entre les mains des policiers de Pikine venus faire la énième reconstitution des faits afin de comprendre les conditions dans lesquelles cette mère que tous disaient aimante en est arrivée à tuer une partie d’elle-même, est loin du portrait diabolique dressé d’elle par la presse.

A Pikine rue 10 où vit la famille Yade, l’histoire de cette fratrie de “possédées” est connue de tous. Nées à Pikine et précédées d’une grande sœur, Khady et Coumba Yade sont orphelines de père. Et avec leur mère, commerçante au marché Sandycat, la famille a vécu, ballottée de quartier en quartier, à la recherche de la location la moins chère du marché. C’est ainsi que les Yade, soutenus désormais par un oncle qui vit avec sa famille, ont débarqué à Face Marigot, à Pikine rue 10.

“Tout le monde ici connaissait la situation de Khady. C’est une vraie demeurée qui, sous ses airs d’inofensive, peut s’enflammer, d’un seul coup, et devenir extrêmement violente. Elle frappe avec tout ce qui lui tombe sous la main”, soutient-on à Pikine. Alors qu’elle est présentée comme celle qui est à l’origine de la jalousie de sa cadette, Khady Yade est une femme mariée. “Mais, à cause de sa violence et de ses crises de démence, son mari a arrêté de venir ici, la voir“, ont témoigné les voisins. Reconnue comme la plus aliénée des sœurs Yade, Khady est à son 3 ème ménage. Et, elle n’a jamais eu d’enfant. “Dans cette affaire, il y a toujours eu tromperie sur “la marchandise.” Les hommes qui l’ont épousé ne savaient rien d’elle. Et leur mère, pour se débarrasser de ses filles et aussi par cupidité, les offre toujours au premier venu.”  A confié une voisine qui ne veut pas être citée.

Alors que tous connaissent “Khady la possédée” qui est une patiente régulière des hôpitaux psychiatriques, c’est Coumba Yade qui, jusque-la épargnée par les “Raab” -génies maléfiques- a commencé, ces dernières années, à montrer des signes inquiétants de possession. “Elle était en classe de 3ème. Et alors qu’elle était très brillante à l’école, elle s’est levée un bon matin et a déclaré que, pendant qu’elle était allée au Maagal de Touba, des esprits lui sont apparus et lui ont ordonné d’arrêter les études.” Ont confié les voisins. “Elle venait juste d’obtenir son BFEM. Et elle a tout jeté en l’air“, a témoigné sa mère qui, aussitôt, a décidé de ne plus parler aux journalistes.

Comme pour ses filles, Kewoulo a collecté de nombreux témoignages de la démence de la mère. Mais, contrairement aux filles, la maman ne s’en prend jamais à autrui. “C’est Khady et Coumba qui sont de véritables terreurs dans cette maison qu’elles partagent avec d’autres locataires. Ici, elles se sont presque battues avec tout le monde.” Ont raconté les voisins.

“D’ailleurs, le jour du drame, si la maman n’était pas dans la maison, c’est qu’elle était partie au commissariat répondre à une convocation. Et, c’est sa fille, Khady Yade qui a porté plainte contre elle.” A confié Mouhamed Rassoul Taye, un voisin, le premier à intervenir lorsqu’il a entendu les premiers cris. Elève assidue, Coumba Yade qui partage le quotidien de sa sœur et qui a vu défiler les maris successifs de cette dernière a, elle aussi, rencontré son homme; il y a quelques mois. “C’est un manœuvre malien, venu travailler sur le chantier de l’arène nationale de Pikine.” A témoigné une source judiciaire. Employé sur le chantier de l’arène nationale, Tata Sanogho, qui voyait Coumba en cachette, a fini par l’enceinter.

Et lorsque l’affaire a été ébruitée, la famille s’est arrangée pour que le malien épouse la fille, dès qu’elle aura accouché. C’est ce qui a été fait le vendredi 20 juillet 2018. Le lendemain, alors que Macky Sall et le président chinois, Xi Jinping, inauguraient l’arène nationale du Sénégal, à un jet de pierre de l’édifice, se tenait un grand baptême en l’honneur de Ousmane Sanogho, le fils. C’est ce beau bébé de 6 kilos que la mère a poignardé à deux reprises dans la région du cœur pour assouvir sa folie. “Quand je suis arrivé sur les lieux, le bébé était encore vivant et perdait beaucoup de sang. Je l’ai pris dans mes bras et j’ai couru, avec lui, vers le dispensaire Dominique. Malheureusement, il est mort pendant que les médecins tentaient de le sauver.” A témoigné Mouhamed Rassoul Taye.

Interpellée, la mère meurtrière s’est confondue dans des explications sans tête ni queue se disant tantôt “envoyée de Dieu” parfois “prête à tuer le monde entier“. “Elle a dit avoir averti son mari d’arrêter de coucher avec sa sœur, Khady. Et avant même de commettre cet acte, elle avait lavé son bébé et l’avait mis au dos. Et, quelques minutes plus tard, alors que son mari comme sa mère et sa sœur étaient absents du domicile, elle a descendu l’enfant et l’a poignardé à deux reprises. Franchement, il n’y a aucune logique dans son acte“, a confié l’oncle de la meurtrière. Comble de folie, alors qu’elle est en garde à vue pour le meurtre du petit Ousmane, Coumba Yade s’est plaint, auprès des siens, qu’on ne lui donne pas son bébé afin qu’elle l’allaite. Et, pendant ce temps, à Pikine, Khady Yade a fait bouillir de l’eau. Elle menace désormais de le verser sur le premier journaliste qui, après kewoulo, viendra chez eux, chercher “une formation“. (NDLR), Comprenez qui viendra chercher une information…