​Diocèse de Ziguinchor : Mgr Jean Baptiste Manga articule son ministère entre réconciliation et autonomie économique

​Monseigneur Jean Baptiste Manga, Évêque du diocèse de Ziguinchor, a dressé le bilan de sa première année de ministère épiscopal. Marqué par le thème de l’Espérance lié au Jubilé de l’Église universelle (2024-2025), son action se concentre résolument sur la reconstruction post-conflit de la Casamance, articulée autour des chantiers fondamentaux de la paix et du dialogue interreligieux.

​Le Chantier de la Paix : Une Priorité Pastorale Urgente

​L’évêque a affirmé que la question de la paix demeure le défi le plus pressant et urgent de la région. Son ministère a été marqué par une présence active sur les terrains affectés, notamment par des célébrations symboliques dans les villages de Kaguit et de Medina Mankagne, visant à montrer que la région « revit » et à encourager le retour des populations éloignées.

​Ce travail de terrain est soutenu par l’action sociale de Caritas, qui collabore à la réinsertion des personnes déplacées par des projets d’aide au retour, de construction d’habitations et de facilitation des démarches d’état civil.  ​Mgr Manga a également souligné l’importance de l’approche spirituelle, insistant sur la nécessité de la prière et de la purification de la terre après le sang versé, une démarche qui prend en compte les sensibilités traditionnelles et religieuses de la région.

​Dialogue et Inculturation : L’Apport de l’Anthropologue

​Le deuxième pilier de la mission épiscopale réside dans le renforcement du dialogue interreligieux. L’évêque a multiplié les rencontres avec les chefs des autres confessions, notamment l’Imam Ratib Aidara et d’autres figures de l’islam en Casamance, ainsi qu’avec les rois coutumiers d’Oussouye et de ses environs. L’objectif est de fédérer les responsables religieux pour qu’ils travaillent de concert à la réconciliation et à la justice par des voies non armées. ​Fort de son parcours d’anthropologue, Mgr Manga place l’inculturation au cœur de sa pastorale.

Il s’attache à appliquer les orientations du Synode diocésain (2014-2015), afin de permettre aux chrétiens casamançais de vivre leur foi sans renoncer à leur identité culturelle. Il a notamment clarifié la position de l’Église concernant les rites traditionnels majeurs comme les initiations (Boukout) : ​« L’initiation peut devenir véritablement un lieu du dialogue interreligieux, » a-t-il affirmé, tout en maintenant la ligne doctrinale catholique qui exclut formellement toute pratique impliquant un sacrifice païen, le seul sacrifice étant celui du Christ.

​Souveraineté Économique et Rayonnement Culturel

​Un défi majeur pour l’avenir de l’Église de Ziguinchor est l’atteinte de l’autonomie financière, le diocèse étant actuellement très dépendant des aides extérieures. L’évêque privilégie une stratégie d’économie inclusive visant à l’autonomisation de la base des fidèles. Il a donné l’exemple de la nécessité de transformer les produits locaux (comme les mangues) pour créer de la richesse au niveau des paroisses et des familles. L’enseignement catholique, bien que reconnu pour ses excellents résultats, n’est pas considéré comme une source de revenus, mais comme un service dédié à l’éducation de la jeunesse, y compris musulmane.

​Enfin, l’ambition du diocèse se cristallise autour du projet de l’Île de Carabane, site historique de l’implantation chrétienne et musulmane. L’ancien hôtel sera transformé en un Centre de Dialogue Interreligieux et Musée. Ce lieu symbolique se veut être un cadre permanent de réflexion et d’échange sur le vivre-ensemble sénégalais, tout en redonnant vie à cette île emblématique de la cohabitation pacifique.

1 COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE