Contribution : “Lisez l’histoire incroyable de la rencontre entre mon ancien Prof d’UGB Mamadou BA Neige Potawatomi et l’Abbé André Mbengue.”

Je l’ai cherché pendant plusieurs années. Je l’ai finalement retrouvé ce lundi 27 décembre 2021 à Thiès. Lui, c’est l’Abbé André Mbengue. Lorsque la situation a été tellement compliquée pour moi que j’avais décidé de laisser tomber les études universitaires, je l’ai rencontré par hasard au bord de la route, et nous avons échangés entre Peulh et Sérère :

Lui : Tu fais quoi dans la vie ?
Moi : Je suis étudiant à l’université de Saint-Louis.
Lui : Alors que fais-tu ici, tu devrais déjà être là-bas ?
Moi : Je veux bien. Mais je crois que je vais laisser tomber les études parce que ma situation financière ne me le permet pas.
Lui : Comment ça ?
Moi : C’est ma mère qui payait mes études, actuellement elle n’a plus les moyens.
Lui : Et ton père ?
Moi : Il est décédé depuis 1985.
Lui : D’accord. Tu connais Diourbel ?
Moi : Un peu.
Lui : Ce dimanche, tu viens à Diourbel. Tu demande le chemin qui mène à Ngoye. Tu demanderas Abbé André Mbengue.
Moi : D’accord.

Le dimanche, comme convenu, je prends le car pour Diourbel. Une fois là-bas, je me fais indiquer le chemin du village, et j’y arrive vers 14 heures en période de Ramadan. Je retrouve l’Abbé André dans son bureau. Nous échangeons pendant longtemps, puis il me propose de me déposer au bord de la nationale pour que je puisse retourner à Thiès. Avant de sortir, il me tend une enveloppe et me dit : « Dans cette enveloppe il y a assez d’argent pour payer ton inscription, trois mois de loyer, et trois mois de tickets. Quand l’argent sera sur le point de finir, tu reviendras me voir ».

Je prends l’enveloppe, le remercie, et le suis dans sa voiture.
A la fin de l’année, après les examens, je retourne le voir pour lui montrer mon attestation de réussite et mon relevé de notes. Il en fût ainsi après chaque semestre pendant trois années. Après la troisième année, lorsque je me suis présenté avec mon diplôme de Licence, il me serre dans ses bras, et je vois ses yeux briller de bonheur. Il dit : « Mamadou, tu ne peux imaginer à quel point je suis fier de toi. Tes résultats sont excellents. Mais la plus grande raison de ma fierté c’est que tu n’as as fait comme d’autres jeunes que j’ai aidés. Pendant que toi tu m’amènes chaque fois tes attestions et relevés de notes, les autres eux profite de leur situation en faisant semblant d’être dans le besoin pour me soutirer de l’argent. Tu viens de me prouver ta reconnaissance. Il faut continuer comme ça, Mamadou ».

Je le remercie et nous continuons notre échange.
Lorsqu’il a quitté Ngoye, parce qu’en ce temps-là le téléphone portable n’état pas encore disponible, on s’est perdu de vue. Toutefois, je me suis mis à le chercher pendant plusieurs années, en vain.

En début d’année, des étudiants américains sont venus à l’UGB et ont voulu une présentation sur la coexistence pacifique entre musulmans et chrétiens au Sénégal. Ils sont tombés sur moi et j’ai accepté. La présentation qui devait durer juste 30 minutes a finalement duré 2 heures à cause de l’intérêt des débats. J’ai donné l’exemple de l’Abbé André pour illustrer mon propos. A la fin des débats, une fille qui était dans la délégation vient vers moi et me dit : « Vous savez, Monsieur, cet Abbé dont vous avez parlé, c’est mon oncle ». Elle m’a dit qu’elle n’a pas son numéro, mais que si je cherche du côté de la maison du prêtre à Thiès, ils pourront certainement me donner une idée de sa location. Une fois à Thiès pour les vacances de Noël, je me suis rendu à la maison du prêtre. Et surprise ! Abbé André est bien logé à la maison du prêtre ! Ils m’ont indiqué son bureau. J’y ai couru pour le retrouver. Je pouvais voir dans ses yeux toute la joie qu’il ressentait de m’avoir retrouvé.
Que dire de plus ? Toute cette joie, aussi bien pour lui que pour moi, ne peut tenir sur cette page.
Rendons grâce à Allah.