Les concertations annoncées par le président de la République Diomaye Faye afin de réformer la justice intéressent au plus haut point l’ancien président de la Cour d’appel de Dakar, Demba Kandji.
Dans l’émission “Grand Jury” de ce dimanche, le médiateur de la République a ainsi dénoncé le fait que le Conseil supérieur de la magistrature n’ait pas de siège. Ce qui, selon lui, fragilise la justice.
« Il n’y a pas un siège qui lui est dédié où les magistrats pourraient se rendre. Les militaires ont un cercle mess. Les officiers et les sous-officiers s’y rendent. Les huissiers de justice ont un siège, les avocats ont un siège que l’État leur a affecté, la Chambre des notaires a un siège. Tous ces corps qui gravitent autour du système ont une visibilité, les membres peuvent s’y retrouver ne serait-ce que pour discuter, pour échanger, sauf les magistrats. Ils en sont privés», a-t-il regretté.
Un siège pour les magistrats permettra, d’après Demba Kandji, aux magistrats de se retrouver, d’échanger. « Les magistrats sont isolés, ils ont quelquefois des problèmes de déontologie, des doutes parfois. Ils devraient pouvoir, comme dans le confessionnal de l’église, se confier à une oreille plus ou moins discrète qui puisse les prodiguer les conseils qu’il faut. Les magistrats arrivent dans le métier très jeunes. Il n’est pas bien qu’on les laisse à eux-mêmes », a-t-il poursuivi.
Ce siège qui va abriter le Conseil supérieur de la magistrature sera aussi au service du citoyen. Le médiateur rappelle que le fait que « les citoyens adressent leurs récriminations pour la justice directement au président de la République ou au ministre de la Justice », le siège du Conseil pourrait donc être une alternative.
Le magistrat, qui salue l’évocation, par le président de la République, de la question de la justice, estime ainsi que ce secteur « a besoin aujourd’hui que son cadre normatif soit redoublé, que le Conseil supérieur de la magistrature soit repositionné ». Un repositionnement qui passe par un siège abritant « le Conseil supérieur avec un budget, une animation confiée à un magistrat de haut rang et une administration structurée ; prévoir même des bois de justice a l’intérieur, un tribunal disciplinaire à l’intérieur. Le tribunal des pairs siège à la Cour suprême, alors que c’est le siège qui devrait abriter. En Algérie, comme au Maroc, c’est ce qui existe ».
Par ailleurs, Demba Kandji a souhaité qu’il y ait plus d’équilibre entre les pouvoirs. Le médiateur de la République évoque ainsi le fait que « seul le ministre de la Justice a le pouvoir de saisir le Conseil supérieur en matière disciplinaire ». Alors que « le premier président, le procureur général, qui ont droit de regard sur tous les magistrats qui relèvent de leur autorité, ne peuvent qu’adresser des avertissements quand des magistrats sont dans l’infradisciplinaire, dans une conduite plus ou moins intenable ou qui frise l’indiscipline ».
