C’est à travers une lettre ouverte que l’expert électoral Ndiaga Sylla a donné son opinion sur les risques d’un jugement probable in absentia pour le chef de Pastef. Ndiaga Sylla invite Ousmane Sonko à ne pas se retrouver dans une situation qui l’empêcherait définitivement de prendre part à la course à la présidence. En outre, l’expert électoral estime que le maire de Ziguinchor devrait être représenté dans le dialogue engagé par le chef de l’État.
Lettre au Président O’SONKO (Ndiaga SYLLA)
M. le Président,
Par votre engagement, votre charisme et votre leadership, vous marquez sans aucun doute l’histoire politique du Sénégal et d’ailleurs.
Par contre, ce serait du gâchis de ne pas participer à l’élection présidentielle de février 2024.
Monsieur Sonko, le gâchis sera encore plus énorme si vous ne puissiez pas battre campagne tel que vous l’aviez bien fait lors des élections législatives, en dépit de l’invalidation de la liste de candidature de votre coalition que vous étiez censé conduire …
Au-delà des sentiments et des suspicions légitimes, votre absence au procès en appel vous a valu une condamnation qui, une fois définitive, aura des conséquences sur votre éligibilité.
C’est l’une des raisons pourquoi il est impératif que vous éviter une peine de prison sévère qui va certainement vous tenir à l’écart de la concurrence.
Et vos brillants conseillers ne sauraient méconnaître les conséquences d’un jugement par contumace sur la qualité d’électeur et l’éligibilité au regard des dispositions du code électoral qui instituent la déchéance électorale automatique.
Je reste persuadé que la révision de telles dispositions, contraires aux droits de l’homme, ainsi que bien d’autres relatives aux conditions de participation aux élections, devraient justifier la participation de vos plénipotentiaires au dialogue politique…
Il me semble qu’il serait sage d’admettre que la bataille n’est pas simplement politique, elle est également légale…
Une révolution n’est pas prête, c’est l’élection qui est en préparation !
Je reste convaincu que le combat qui mérite d’être mené est, non pas contre l’éventuelle candidature du président sortant, mais pour un processus électoral intègre : libre, crédible, inclusive, équitable, transparent et apaisé.
Monsieur le président, vous conviendrez que c’est le prix du maintien de la stabilité et de la paix sociale et de la consolidation de la démocratie sénégalaise. Le monde nous regarde et vous avez encore les moyens et l’opportunité de prouver votre sens des responsabilités, malgré la crise de confiance aux institutions qui s’est emparée de bon nombre de nos concitoyens.
Les patriotes sincères reconnaîtront votre participation au projet d’un Sénégal de justice sociale et de progrès.
Il appartient aux démocrates de faire en sorte que notre pays ne tombe pas dans un cycle de violence et de haine.
Tout bien considéré, il incombe à l’État de garantir votre intégrité physique et votre droit à un procès équitable.
Je n’ai aucun doute sur ta confiance en Dieu. Dès lors, vous mesurez le sens des épreuves de la vie qui s’accumulent en un laps de temps afin de raccourcir le chemin vers la victoire. Il suffit d’avoir la clairvoyance de l’appréhender, la force intérieure et le courage de l’embrasser, ainsi que la patience et l’esprit de tolérance pour l’accomplir.
Tel est le destin d’un grand leader qui se confond, le plus souvent, avec la souffrance du peuple que le droit naturel entend libérer !
Je vous prie de recevoir, Monsieur le président, mes salutations les plus patriotiques.
Le 16 mai 2023
Ndiaga SYLLA
