Ce mardi, 26 septembre 2017, marque le 15e anniversaire du naufrage du bateau le Joola. Le comité d’initiative pour le mémorial-musée le Joola a fortement déprécié la situation d’après-naufrage. Nassardine Aïdara, coordonnateur dudit comité et Cie dénoncent ce qu’ils appellent : «La politique de l’autruche des Etats sénégalais et français, la question de l’indemnisation, les pupilles de la nation, le renflouement de l’épave du Joola, et la mise sur pied d’un mémorial». Autant de problématiques soulevées par ces associations de familles de victimes du naufrage du bateau le Joola. Véritables contrecoups de l’une des plus grandes catastrophes maritimes au monde.
Démarches judiciaires, restées au point mort
Survenu le 26 septembre 2002 au large des côtes gambiennes, les conséquences du naufrage du bateau le Joola qui assurait la liaison maritime entre Dakar-Ziguinchor en passant par Carabane, sont énormes. 15 après, le comité d’initiative pour le Mémorial Le Joola reproche à l’Etat du Sénégal de n’avoir toujours pas entamé de démarches judiciaires à l’endroit des responsables, lorsque le bateau a sombré.
«L’Affaire n’est toujours pas amenée en Justice. Seule la volonté politique peut déclencher l’action judiciaire. Quinze ans après, nous avons le sentiment que les coupables ne sont pas punis. Nous sommes révoltés contre le culte de l’impunité», a déclaré Nassardine Aïdara.
Alain Verschapje, père d’une victime, explique : «le parquet de Paris avait ouvert une instruction, en 2003, mais ce dernier n’a jamais émis de mandat d’arrêt contre les responsables.
La relation franco-sénégalaise a frappé de nullité la procédure judiciaire. Nous sommes actuellement à la 3ème Cassation, mais il y a une forte probabilité qu’il y ait un non-lieu». Il n’exclut pas l’idée de saisir les commissions de droits de l’Homme.
L’équation de la prise en charge des orphelins
A cette question s’ajoute la prise en charge des orphelins, dans la mesure où la loi statuant sur ce point fait défaut. Alioune Goudiaby, un des orphelins, raconte sa situation : «mon père a été victime du naufrage du Joola, quand j’avais 12 ans. La loi 2006 du 21 novembre 2006, qui précise en son article 5, que la loi devrait prendre effet à partir de janvier 2002, a par la suite été appliquée à partir de 2012. Elle devait être rétroactive pour que je puisse bénéficier de l’aide. Le premier recensement avait fait état de 1 900 orphelins mineurs. Mais après l’application de la loi, en 2012, 205 orphelins ont été rayés de la liste, plus 86 autres orphelins, en 2013».
Édification d’un mémorial-musée «le Joola» tarde toujours
Ici également, les familles des victimes déplorent le «laxisme» des autorités étatiques. Car l’édification du Mémorial Musée à la mémoire des deux mille disparus du naufrage du bateau le «Joola», fait partie de l’une des principales exigences de l’association nationale des familles des victimes. Elle permet dit-elle, de rappeler à l’opinion nationale et internationale que le Sénégal a connu l’une des plus grandes catastrophes maritimes de l’humanité avec deux milles morts.
Cependant, selon Boubacar Bâ, porte-parole de l’Association nationale des familles des victimes, c’est la déception totale. Quinze ans après le naufrage du bateau au large des côtes gambiennes, le projet tarde à se réaliser. «Je rappelle ici qu’il s’agit d’un budget d’un milliard 500 millions. On a pu mobiliser une enveloppe de près de trois cent millions. J’interpelle le président de la République. Un milliard 500 millions, ce n’est rien du tout pour le Sénégal», dans une interview accordée à Tfm.
A l’en croire : «grâce au maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, l’association nationale des familles des victimes a pu bénéficier d’un site de 5 h en bordure du fleuve Casamance, point de passage du navire pour l’édification du Mémorial musée le «Joola». Les familles des victimes interpellent le chef de l’État et lui rappellent le devoir de mémoire».
