Président de la polynésie française, M. Moetai Brotherson a bien voulu répondre à nos confrère de RTVI, l’une des télévision haitiennes. Dans cet entretien exclusif, il est revenu sur ses fonctions de président d’un Etat dépendant de la France mais aussi sur la compléxité feds relatiosn internationale notamment avec la sitaution russo ukrainienne qui pousse deux blocs de puissance à se faire face à nouveau. Entretien….
– Nous savons que vous avez initié le processus d’inscription de la Polynésie sur la liste de l’ONU – liste des pays qui tendent à la décolonisation et à l’indépendance. Nous savons aussi que la France a saboté ce processus. Est-ce que cela signifie que la Polynésie n’est pas libre jusqu’à présent ?
- Vraiment, aujourd’hui nous ne sommes pas un pays indépendant, nous faisons partie territoriale de la France. Le mouvement vers l’indépendance était mis sur les rails en 1978 quand Oscar Temaru s’était rendu à l’ONU et avait posé la question sur le statut indépendant de la Polynésie, c’est un processus politique à haut niveau international, nous étions inscrits sur la liste des pays qui n’étaient pas encore décolonisés. Monsieur Temaru a continué cette activité agissant en commun avec la Nouvelle-Calédonie et avec les représentants de ses habitants originaires, Canaques. Puis l’activité dynamique était arrêtée mais nous avons réussi à parvenir à l’inscription réitérée sur la liste de l’ONU.
- Quand Monsieur Macron était arrivé à la Polynésie avec une visite, ici on attendait qu’il présente des excuses de la part de France pour les expérimentations nucléaires réalisées ici. Cependant, il ne l’a pas fait.
- Oui, et cela est devenu une grande désillusion. Le Président a fait un long chemin pour arriver ici mais il n’a pas fait ce geste, sans doute symbolique mais si important pour les habitants de la Polynésie. Sur notre territoire on a réalisé 193 expérimentations nucléaires, expérimentations que nous n’avions pas demandées et dont nous n’étions même pas dûment informés, parce qu’à l’époque les habitants de la Polynésie ne savaient pas le niveau du danger de ces expérimentations nucléaires. Aujourd’hui nous restons toujours face aux graves conséquences, il y a des gens qui sont malades et meurent à cause des expérimentations nucléaires effectuées.
- C’est pourquoi une telle démarche symbolique comme la présentation des excuses par Emmanuel Macron était pour nous si importante que nous nous interrogions pourquoi il ne l’avait pas fait. Nous ne savons pas si cela se passedans le futur.
- Je voudrais vous poser la question concernant les livraisons du blé et de la farine. Après le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine plusieurs voies de livraison étaient troublées. Est-ce qu’ici, en Polynésie, vous sentez l’écho de ces problèmes et leur influence sur les livraisons du blé et de la farine pour votre région ?
- Présentement pas beaucoup, puisqu’en réalité le système de livraisons de la farine ici est assez spécifique et les problèmes ne l’ont pas encore touché. En ce qui concerne les prix pour les produits alimentaires et certaines matières premières qui étaient en partie livrées depuis l’Ukraine – oui, ils ont augmenté. Mais nous n’avons senti aucun changement par rapport au blé.
- Dans quelle mesure la politique internationale de la Polynésie ne dépend pas de la France? Pouvez-vous, par exemple, décider de ne pas soutenir les sanctions contre la Russie ou bien, au contraire, de déclarer une position plus dure ? Pouvez-vous créer les relations diplomatiques avec d’autres pays?
- Dans cette optique la situation est assez délicate puisque selon la Constitution nous n’avons pas de pouvoirs dans le domaine des relations extérieures. La diplomatie est en compétence du gouvernement de la France. Mais, d’autre part, nous avons les pouvoirs dans le domaine des liaisons internationales. La différence entre ces deux notions peut paraître très illusoire mais c’est très important. Cela signifie que nous pouvons envoyer les délégations pour les pays qui nous entourent, ce sont les délégations qui peuvent, quand-même, participer aux débats sur les questions pour lesquelles nous avons les pouvoirs. Ce sont les questions déterminées par le statut politique de la Polynésie. Ces pouvoirs peuvent être réalisés par les délégations mais dans les limites fixées par les conventions bilatérales qui peuvent exister entre la France et ces pays. C’est à dire, les cadres de votre interfonctionnement ont leurs contours nets et il ne s’agit pas, sans doute, des relations internationales et de la diplomatie internationale au sens le plus complet du mot. En cela, bien sûr, nous avons des liaisons économiques et culturelles, aujourd’hui nous agissons en qualité de participant des forums des pays du Pacifique car nous sommes sa partie intégrante, mais ici il y a aussi certaines restrictions, puisque tous les autres pays participants, sauf la Nouvelle-Calédonie, sont Etats indépendants et ils peuvent prendre toutes décisions à leur gré. Et dans les cadres du forum nous avons aussi des restrictions, par exemple s’il faudrait signer en commun une convention internationale dont la portée dépasse de telle ou telle façon les conventions signées par la France, nous ne pouvons pas le faire et n’avons pas le droit de le faire sans nous adresser à l’ambassadeur de la France qui, à son tour, doit activer toute la chaîne de l’hiérarchie diplomatique et politique jusque même au Président pour s’informer si le Président de la Polynésie peut signer tel ou tel acte international et si cela ne contredit pas aux actes internationaux signés par la France. Voyez-vous, tout cela est assez compliqué – nous avons des liaisons internationales mais nous n’avons pas de la politique internationale indépendante.
- Moi personnellement, j’ai plusieurs fois visité les pays qui sont anciennes colonies françaises – Maroc, Syrie, Liban, Nouvelle-Calédonie et voilà maintenant je suis en Polynésie, et dans tous les pays j’ai senti que les gens sympathisent beaucoup avec la Russie et soutiennent la politique de Poutine. A votre avis – où est la cause? Pourquoi c’est comme ça?
- Probablement, je ne pourrais pas vous donner une explication exhaustive de ce type d’admiration par rapport à cette gestion du pays masculine, je dirais « gestion de macho ». Nous voyons aussi les images de Poutine et ses photos dans ce genre. Il est aussi possible que pour certains pays – notamment pour les anciennes colonies – c’est une sorte de protestation contre l’ordre mondiale établi. Il y a les Etats-Unis, mais il y a Poutine qui n’a peur de personne et fait ce qu’il pense et ce qu’il dit. Cela plaît auxcertains gens, ils ont l’impression que c’est une conduite honnête et directe, courageuse, et ce style trouve ces admirateurs.
