Un an de Diomaye au pouvoir : entre espoir et déception

Un an de Diomaye au pouvoir : entre espoir et déception

Diomaye an un

Un an jour pour jour, Bassirou Diomaye Faye accédait à la magistrature suprême, porté par une vague d’espoir et de renouveau démocratique. Le bilan de ces douze mois révèle des réformes institutionnelles, des avancées dans le secteur énergétique, un renforcement de l’intégration régionale et des actions dans le domaine de l’hydraulique, malgré la persistance de défis économiques et sociaux.

Les avancées : des réformes saluées

Parmi les points positifs de cette première année, on note des efforts en matière de transparence et de lutte contre la corruption. Le gouvernement a mis en place plusieurs initiatives pour assainir la gestion des ressources publiques et renforcer l’indépendance de la justice. La refonte de certaines institutions a également été engagée pour garantir une gouvernance plus inclusive et efficace.

Énergie : un tournant majeur

Un fait marquant de cette première année de gouvernance a été l’entrée effective du Sénégal dans le cercle des pays producteurs de pétrole après plusieurs années d’exploration. Le 11 juin 2024, les premières gouttes de pétrole ont été extraites du champ offshore Sangomar, au large de Dakar. Cette avancée ouvre de nouvelles perspectives économiques et place le pays à un tournant stratégique dans la gestion de ses ressources naturelles.

Réformes institutionnelles : vers une justice plus efficace

L’activation du Pool judiciaire financier (PJF) le 10 août 2024 constitue une avancée majeure dans la lutte contre la corruption. Cette nouvelle structure remplace la controversée Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), renforçant ainsi le dispositif judiciaire en matière de délinquance économique et financière.

D’après un communiqué de la Primature en date du 18 janvier 2025, le PJF affiche un bilan significatif : 91 dossiers traités, dont 87 transmis aux juges d’instruction, 162 arrestations effectuées et plus de 2,5 milliards de francs CFA saisis.

Par ailleurs, la publication du rapport de la Cour des comptes a mis en lumière de nombreuses anomalies dans la gestion des finances publiques entre 2019 et mars 2024, soulevant des interrogations sur la gouvernance de cette période.

Diplomatie : un engagement panafricain affirmé

La politique étrangère de Bassirou Diomaye Faye se distingue par une approche de « bon voisinage » et un panafricanisme revendiqué. Dès le 18 avril 2024, il effectuait ses premières visites d’État en Mauritanie et en Gambie, marquant ainsi sa volonté de renforcer les liens avec les pays voisins. Lors du Forum de Doha du 7 décembre 2024, le président sénégalais a plaidé pour la stabilité régionale dans un contexte marqué par le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO. Il a également appelé à une réforme en profondeur de cette institution régionale pour mieux répondre aux défis actuels.

Les frustrations et les limites

Cependant, malgré ces avancées, de nombreuses attentes restent insatisfaites. La réforme de la justice, bien que lancée, peine à convaincre les sceptiques qui dénoncent un manque d’actions concrètes pour garantir son indépendance totale. De même, les jeunes, fer de lance de son élection, attendent toujours des mesures plus ambitieuses pour l’emploi et l’éducation.

Sur le plan social, les tensions persistent. Le coût de la vie reste élevé, et certains secteurs, comme la santé et l’éducation, souffrent encore de dysfonctionnements majeurs. Politiquement, l’unité au sein de la coalition présidentielle semble fragile, avec des dissensions internes qui menacent la stabilité de l’exécutif.

Les prix de certaines denrées de première nécessité ne cessent de grimper, inquiétant les ménages qui peinent à joindre les deux bouts. Le 13 juin 2024, le gouvernement a annoncé des baisses significatives sur les prix des denrées de première nécessité : le kilogramme de sucre est passé de 650 à 600 francs CFA, le riz brisé non parfumé a bénéficié d’une réduction de 40 francs CFA, le litre d’huile raffinée a diminué de 100 francs, et la baguette de pain est désormais vendue à 150 francs, soit 25 francs de moins. Toutefois, ces mesures restent insuffisantes face à la hausse générale des prix.

Perspectives : quels défis pour l’avenir ?

À l’aube de sa deuxième année de mandat, Bassirou Diomaye Faye devra redoubler d’efforts pour répondre aux attentes populaires et concrétiser ses engagements de campagne. La réussite de ses réformes dépendra de sa capacité à maintenir la confiance de ses concitoyens tout en faisant face aux défis économiques et politiques qui persistent.

Entre espoir et déception, le bilan de cette première année illustre la complexité de la gestion du pouvoir et les attentes considérables d’une population en quête de changement. L’année à venir sera donc décisive pour évaluer la véritable portée du projet politique porté par Diomaye et son équipe.

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