L’affaire Pape Alé Niang est en train de connaitre des suites qui, si aucune mesure urgente n’est prise, peuvent conduire à un drame qui marquera à jamais la nation. A en croire Ibrahima Lissa Faye, le président de la Coordination des Associations de Presse (CAP), le patron de DakarMatin qui avait été évacué d’urgence dans une clinique de la place “à cause des complications nées de sa grève de la faim”, a été ramené en “représailles” à la prison de Sébikotane où il a été incarcéré après son placement sous mandat de dépôt le 9 novembre dernier.
Pour rappel, arrêté sur les Allées Papa Guèye Fall où il était venu changer ses pneus, Pape Alé Niang a été placé en garde à vue le 6 novembre dernier. Après une longue garde à vue parsemé d’un retour de parquet, il a été inculpé de “diffusion de documents estampillés “Secret Défense” sans autorisation préalable des autorités militaires” et “la diffusion de fausses nouvelles”. Ecroué le 9 novembre dernier, la libération de Pape Alé Niang est devenue “une question d’honneur et de justice” pour une partie de la presse sénégalaise qui refuse d’être embastillée. Et, las d’attendre les résultats de médiations qui n’aboutissent pas, Pape Alé Niang a décidé, le vendredi 2 décembre 2022, d’entamer une grève de la faim pour dénoncer son arrestation “arbitraire“. Et, alors que ses soutiens commençaient à craindre pour sa santé, le juge Mamadou Seck du deuxième cabinet, auprès de qui les avocats comptaient déposer une demande de liberté provisoire, a décidé d’organiser une audition dans le fond du journaliste détenu.
A la sortie de cette audition tant attendue -puisqu’il ne pouvait pas bénéficier d’une LP sans être entendu dans le fond-, ses avocats Me Clédor Ciré Ly comme Me Moussa Sarr, qui se sont prononcés au nom de leurs confrères, ont fait savoir que “(leur) client s’était bien défendu et avait bien répondu à toutes les questions du juge.” Aussi, les conseils avaient profité de l’occasion pour déposer une demande de Liberté Provisoire, le vendredi 9 décembre dernier. Mais, alors qu’il a rejoint sa cellule de Sébikotane, des signes perceptibles de faiblesse, conséquences de sa grève de la faim, ont poussé les gardes pénitentiaires à demander son évacuation vers une structure sanitaire. Hier, après avoir usé de nombreuses “voies civilisées“, les journalistes ont décidé de trouver Wakeur Nïak Jââm sur leur terrain favori: celui de l’affrontement.
Alors que tous les yeux étaient braqués sur l’hémicycle où le Premier ministre, Amadou Ba, était face aux députés pour faire sa Déclaration de Politiques Générales, un téméraire groupe de journalistes est venu déranger la solennité de l’évènement, en scandant “Libérez Pape Alé, Libérez Pape Alé“. Passé le moment des surprises, les gendarmes qui ont repris la situation en main ont évacué “les perturbateurs“, procédé à l’arrestation puis à l’audition de deux d’entre eux avant de les remettre en liberté. “Furieuses de cette intrusion et de la tribune offerte à la cause de Pape Alé Niang, l’Etat est allé se venger sur notre confrère malgré son état de santé, en mettant un terme à son hospitalisation et le ramenant de force à sa cellule de Sébikotane.” A fait savoir Ibrahima Lissa Faye.
Face à cette situation incompréhensible, Pape Alé Niang a décidé de poursuivre sa grève de la faim. “Cette fois ci, il est déterminé à continuer sa diète. Et, il a fait savoir qu’il refuserait d’être évacué pour des soins. Donc, nous avons réellement peur pour sa vie et interpellons toutes les forces vives de ce pays. Nous allons rendre visite à tous les chefs religieux de ce pays et les sensibiliserons sur le sort de Pape Alé Niang pour que, demain, personne ne dise “je ne savais pas”. Mais, dès jeudi nous passerons à une autre étape de notre lutte.” A fait entendre Momar Diongue, un des responsables de la CAP.
