Le rappel au centre : Sonko, le peuple et la boussole PASTEF (Par Tidiane Sarr)

Le Téra-meeting du 8 novembre n’a pas été un simple rassemblement. C’était un recadrage. Dans le brouhaha des intérêts, des agendas croisés et des calculs de couloir, Ousmane Sonko a remis la boussole là où elle n’aurait jamais dû quitter : au cœur du parti et dans les mains du peuple qui l’a portée. La ligne n’est pas une humeur passagère ; c’est une cohérence historique forgée par des années d’épreuves, d’itinérance, d’arguments, de renoncements personnels et d’engagement collectif.

 

Ceux qui en doutaient encore ont dû reconnaître, ce soir-là, que la révolution possède une colonne vertébrale qui ne pliera pas. Il y a un fait têtu : avant toute architecture de circonstance, il y eut le travail patient de PASTEF et la légitimité populaire d’un homme qui en incarne la matrice. De là découle la centralité du parti. La rappeler n’est pas se fermer ; c’est définir le seuil de loyauté. S’ouvrir, oui — mais à des alliés véritables, qui partagent le coût de l’exigence autant que ses dividendes symboliques. L’addition politique ne vaut que si les termes sont sincères. Sur l’économie, la clarification était nécessaire. Le Sénégal n’a pas vocation à se laisser dicter une thérapie unique par les réflexes d’organismes qui raisonnent en matrices comptables avant de penser en souveraineté. Refuser un « diktat » n’est pas une posture bravache ; c’est une politique du possible fondée sur la ré-internalisation de la dette, l’assainissement des niches, la restauration de l’impôt comme
contrat civique, et l’orientation de l’effort vers une économie réelle — agriculture, transformation, industrialisation — capable de créer des emplois et de reconstruire une base productive durable. Sur la justice, le propos a été net, sans outrance. Il ne s’agit pas d’ériger des totems, mais de lever des verrous.

Quand l’appareil judiciaire devient le refuge discret des contre-révolutionnaires, la République tourne sur elle-même. Réformer en profondeur, c’est ôter aux procédures leur fonction d’entrave, réconcilier la rigueur avec l’équité, protéger l’indépendance des magistrats tout en rendant des comptes au citoyen. La reddition des comptes n’est pas la revanche ; c’est le rétablissement d’une hiérarchie simple : les faits, la loi, l’intérêt général.
Quant à la vie politique, l’ambiguïté entretenue ces derniers mois n’avait que trop duré. Les coalitions sont des outils, pas des héritages. La victoire de 2024 s’est greffée sur une sève plus ancienne ; elle n’autorise ni captation, ni dilution. Rappeler que la dynamique doit revenir dans son lit naturel — PASTEF comme centre de gravité, des alliances choisies pour ce qu’elles apportent et non pour ce qu’elles bloquent —, c’est fermer la porte aux malentendus et ouvrir, franchement, celle des responsabilités assumées.

C’est ici que Sonko a posé le point le plus sensible, mais aussi le plus nécessaire. Il a rappelé, avec une fermeté calme, que le Président Bassirou Diomaye Faye est d’abord un militant de PASTEF. Que la légitimité qui l’a porté jusqu’à la présidence vient du parti et du peuple patriotique, et non de calculs parallèles ou de promesses tardives. Il lui a rappelé qu’aucune majorité alternative ne peut être durable si elle se construit en dehors du parti qui a porté le combat depuis dix ans. Et il lui a dit, en substance, de ne pas se laisser distraire par ceux qui lui murmurent qu’une autre voie serait possible sans la matrice
originelle.
Il faut entendre aussi le message de méthode. Sonko ne joue pas aux éclats ; il travaille par séquences. Quand la ligne se trouble, il repart à la source : le peuple. Parce que la légitimité qui a tout rendu possible n’est pas mécaniquement transmissible, encore moins monnayable. Elle se nourrit d’un dialogue régulier, d’un parler vrai, d’un cap assumé. La révolution dont il est question n’est pas un slogan, mais un patient changement de fond : sobriété de l’État, lutte anticorruption sans copinage, assise fiscale élargie, justice désencombrée de ses angles morts, institutions à l’abri des manipulations procédurales.
Enfin, il y a ce que tout le monde a ressenti, même sans le formuler. On ne gouverne pas contre un peuple éveillé ; on gouverne avec lui, sous son regard, parfois sous sa pression, toujours avec sa confiancefragile. Cette confiance, on ne la quémande pas ; on la mérite  par la clarté du cap et l’exemplarité des pratiques. Le reste — les intrigues, les contournements, les réseaux souterrains — ne résiste jamais à la lumière du jour.
Le rappel est fait. À chacun, maintenant, d’être à la hauteur de ce qu’il prétend défendre.

Tidiane Sarr

Coordonnateur PASTEF – Neuchâtel, Suisse

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