Présidentielle au Cameroun : Les mises en garde des autorités contre toute annonce de résultats.

Les résultats devraient connus au plus tard le 26 octobre. Les autorités camerounaises ont mis en garde les candidats contre toute annonce de résultats.

Huit millions de Camerounais ont voté dimanche (12.10.25) pour une élection présidentielle à un tour dans laquelle le président Paul Biya, 92 ans dont 43 au pouvoir, partait grand favori. Face à lui 11 candidats (neuf après le désistement de deux en faveur d’autres), étaient en lice dont son ancien ministre Issa Tchiroma Bakary.

Le vote s’est achevé vers à 17H00 TU et le dépouillement a immédiatement commencé. Le scrutin s’est déroulé “sans incidents majeurs” a déclaré le ministre de l’Administration territoriale lors d’une conférence de presse dimanche soir. Paul Atanga Nji a réitéré sa “mise en garde” à l’encontre des candidats ou des plateformes qui annonceraient des résultats avant le Conseil constitutionnel : “C’est la ligne rouge à ne pas franchir,” a-t-il insisté

A Garoua, fief de l’un des principaux rivaux de Paul Biya, Issa Tchiroma Bakary, son véhicule s’est retrouvé pendant plus d’une demi-heure au milieu d’affrontements entre ses partisans et les forces de l’ordre avant qu’il ne regagne son domicile, depuis, surveillé par les forces de sécurité.

Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a toujours remporté la présidentielle avec un score de plus de 70% ces 20 dernières années. “Rien n’est acquis, attendons qu’on connaisse le nom de l’élu”, a-t-il déclaré à la presse, accompagné de son épouse Chantal, à la sortie d’un bureau de vote près du palais présidentiel à Yaoundé.

Le point sur la journée de vote de ce dimanche

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Prises de bec à Douala

Après une journée électorale sans incident majeur, le processus s’est très vite enflammé par endroit, après la fermeture des bureaux de vote. Des fraudes sur décomptes des bulletins de vote lors des dépouillements sont signalées çà et là.

“Quand on trouve l’autre bulletin dedans, ça veut dire qu’il y a déjà fraude. On fait l’erreur seulement sur le RDPC ? On annule. C’est tout ce que nous on veut !” 

 

C’est la réaction d’un électeur resté surveiller son vote jusqu’à tard dimanche soir, au Lycée technique d’Akwa à Douala. Le problème, c’est qu’on découvre, au dépouillement, de nombreuses enveloppes contenant chacune deux bulletins du président sortant Paul Biya. Au lieu d’un seul bulletin.

“C’est la quatrième salle déjà où l’on trouve deux bulletins dans une même enveloppe. C’est toujours le RDPC qu’on trouve. Pourquoi on ne trouve pas les autres (partis, ndlr) ? C’est la quatrième salle, toujours le RDPC. On ne trouve pas les autres comment ?”, interroge un autre électeur.  

Des navetteurs empruntent des motos-taxis pour traverser un pont devant une affiche électorale représentant le président camerounais sortant Paul Biya à Douala, le 7 octobre 2025

Et l’atmosphère s’échauffe. Nous quittons ce bureau de vote pour un autre, toujours au Lycée technique d’Akwa. Même constat. Le président du bureau de vote veut valider le vote. Les scrutateurs et les électeurs venus assister au dépouillement, insistent qu’il faille l’annuler. Le président du bureau de vote est obligé d’aller chercher un exemplaire du Code électoral aux fins de trancher :

“Si une enveloppe contient plusieurs enveloppes, le vote est nul si ces bulletins sont différents. Il ne compte que pour un seul si ces bulletins sont identiques : le cas du père (Paul Biya, ndlr). Deux bulletins d’un candidat dans une urne comptent pour une voix.” 

Intervention des forces de l’ordre

 Tollé général !

 Ainsi la journée électorale sans incident majeur a tourné à des prises de bec entre les responsables d’ELECAM et les électeurs venus en appui aux scrutateurs. Les forces de l’ordre sont alors aux aguets pour parer à tout éventuel acte de violence. 

Issa Tchiroma Bakary votant lors de l'élection présidentielle dans son fief du nord du Cameroun (12.12.25)
Le principal challenger à Paul Biya est son ancien ministre Issa Tchiroma Bakary Image : Elisabeth Asen/DW

Non loin de là, dans une autre salle, tout semble aller. Sauf qu’on recherche ici une scrutatrice qui serait partie avant la fin de travaux, sans prendre son procès-verbal (PV). On déplore également l’absence des scrutateurs de 8 partis politiques sur 12.

Selon l’article 6 de la Constitution, le président du Cameroun est élu au suffrage universel à un tour, pour un mandat de sept ans. Si Paul Biya, 92 ans, est réélu pour la huitième fois, il pourrait atteindre 99 ans étant toujours au pouvoir. Le Conseil constitutionnel a jusqu’au 26 octobre au plus tard, pour annoncer le vainqueur du scrutin présidentiel.

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