Perdre sa fille âgée de douze ans est un drame pour une mère, puis que ce n’est pas dans l’ordre des choses. C’est la pire souffrance que l’on peut avoir en matière de deuil. On ne peut rien mettre à la place du chagrin, de la tristesse, de la détresse. C’est un chemin personnel qui prend beaucoup de temps (Voltaire)
Par une irresponsabilité ahurissante, révoltante et insupportable, laissez mourir une jeune fille âgée de douze ans, qui se plaignait de blessures atroces à l’abdomen, après avoir fait une chute à son domicile, à cause d’un manquement total de professionnalisme, de sens de l’humain et du respect pour les malades et leurs familles, relève évidemment, dans un pays en Etat de droit, comme le nôtre, du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice. Que s’est-il subséquemment passé ?
Ecoutons bien attentivement le récit de la maman d’Aïcha. « Ma fille, en nettoyant la terrasse, avait glissé et tombé sur le bâton de la raclette qui s’est enfoncé en elle. Elle a poussé un grand cri de douleur, avant d’extirper le bâton qui est sorti, avec un bout de sa chair. Puis du sang a commencé à couler. Après quelques instants, l’écoulement s’est estompé. C’est de la sorte que j’ai pris la décision de la conduire, en urgence, à l’hôpital de Pikine».
Après consultation, les médecins arrivent à la conclusion que la jeune fille souffrait d’une hémorragie. Et qu’il fallait l’opérer. C’est là où le bât blesse ! Car avant de procéder à l’intervention chirurgicale qui devait lui sauver la vie, l’hôpital réclame à la maman l’acquittement de 200.000 F CFA. Au cours de l’interview que la maman de la défunte Aïcha a accordée à Seneweb.com, au cours de laquelle elle s’est entièrement livrée sur les circonstances du décès de sa fille, dans des conditions extrêmement poignantes.
Eprouvée encore et habitée par l’accablement, pour elle, son enfant qui était en classe de 5ème au Cem Niague, a perdu la vie par une négligence hallucinante, pas à cause de la somme d’argent que le médecin lui a, d’emblée, réclamée, redemandée et intimée, en ces termes : «l’hospitalisation dure quatre à cinq jours, ce qui vous laisse le temps de rassembler la somme précitée, avant la date de sortie?».
Le Sénégal est saisi de frayeur et d’épouvante, lorsqu’il a appris qu’une jeune fille âgée de douze ans, conduite à l’hôpital, suite à une chute, pour y subir une intervention chirurgicale, en est morte. «La négligence a tué ma fille», s’est écriée la maman de la défunte jeune fille, profondément accablée. Et de prolonger promptement sa réflexion : «Ma fille n’a pas été bien accueillie à l’hôpital.
Ayant interpellé le docteur, je l’ai sollicité afin que l’on administre un calmant à ma fille, pour atténuer l’atroce douleur qu’elle endurait. L’attente, pour bénéficier des premiers soins, malgré le calvaire de la douleur que mon enfant supportait, a duré plus de deux heures ».
D’où la conclusion logique que l’on en tire ! Abandonner une jeune fille à la fleur de l’âge, à son triste sort, souffrir le martyr avant de s’éteindre, je le clame sur tous les tons, c’est tout ce qu’il y a d’épouvantable. Et c’est au Sénégal, pays qui a, incontestablement, les moyens de défendre la vie humaine, que cela se passe !!! Cela dépasse l’entendement.
Rappel à nos notoires médecins de leur serment, qu’ils ont prêté devant le Conseil national de l’Ordre des médecins, au moment d’être admis à exercer La noble fonction de médecin de la République.
Le serment d’Hippocrate
« Au moment d’être admis (e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination, selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.
J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances, pour forcer les consciences.
Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai, pour assurer au mieux les services qui me seront demandés
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité. Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré (e) et méprisé (e), si j’y manque».
Pour clore ma réflexion, j’aurais profondément souhaité que le concert des nations ovationne – comme il n’a eu cesse d’exalter la doctrine démocratique du Sénégal – notre système de santé et, par la même circonstance, chante les louanges de nos hôpitaux publics. Mais malheureusement, vu l’état extrêmement désespérant dans lequel notre système de santé et nos hôpitaux publics se trouvent, c’est incontestablement un vain espoir sur ce planning.
En conséquence, tous les régimes qui se sont succédé depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale le 4 avril 1960, doivent obligatoirement rendre des comptes au peuple sénégalais. Car notre système de santé depuis cinquante-sept ans, est à la fois corruptible, terrifiant et destructible, si je m’en remets, derechef, à la conclusion de la mère de la malheureuse défunte jeune fille Aïcha Diallo, qui n’était âgée que de douze années :
«Je parle pour sauver d’autres personnes… Ma fille a perdu la vie à cause de la négligence hallucinante des médecins de cet hôpital public. Je le dit et le répète, même si cela leur fait mal. Je n’ai aucun intérêt à dire des contrevérités. Je fais cela pour sauver d’autres personnes. Beaucoup de gens ont été amenés à l’hôpital devant moi. Même les femmes enceintes qu’on y a trouvées, le personnel hospitalier ne leur accordaient aucune attention particulière. Ils ne les regardaient même pas.»
Son Excellence Monsieur Cheickh Sadibou DIALLO
Conseiller Spécial du Président de l’APR
Administrateur de la DSE APR France
