Justice: Le banquier Zakiloullah SOW reconnu coupable d’escroquerie et condamné à payer 5 milliards à Abdoulaye Sylla 

Le tribunal des flagrants délits de Dakar a vidé ce matin le très surveillé dossier d’escroquerie opposant l’homme d’affaires Abdoulaye Sylla, patron d’Ecotra, à son ancien collaborateur, le banquier Zakiloullah Sow.

Alors qu’il avait toujours soutenu que les 5 milliards de F CFA qu’Abdoulaye Sylla lui avait remis pour l’achat d’une banque commerciale au Togo constituaient son propre argent et représentaient «sa part dans le montage du dossier des projets de de voirie de Diamniadio», Zakiloullah Sow, qui avait comparu le 6 novembre dernier, avait tantôt affirmé travailler pour Ecotra, parfois nié sa collaboration avec cette société, avant de s’embrouiller dans des explications très confuses.

Entendu pendant des heures par le tribunal correctionnel de Dakar, Zakiloullah Sow avait laissé comprendre par le public que sa position était intenable. Pour rappel, ce banquier d’affaires, présenté à l’ancien président de la République, Macky Sall — dont il était devenu l’un des visiteurs réguliers— avait évoqué une opportunité d’achat d’une banque à Lomé. Intéressé par le projet, Abdoulaye Sylla lui avait remis les fonds nécessaires, et Sow s’était envolé pour la capitale togolaise. C’est à sa grande surprise qu’Abdoulaye Sylla avait, ensuite, appris que Zakiloullah Sow avait bien acquis la banque… mais en son nom propre.

Décidé à récupérer son bien, le patron d’Ecotra avait saisi la justice. Cependant, Macky Sall, alors engagé dans un bras de fer personnel avec Abdoulaye Sylla, avait pris fait et cause pour Zakiloullah Sow, qui s’était lié d’amitié avec Pape Doro Gaye, figure bien connue des nuits dakaroises. Aujourd’hui, avec la chute et le départ précipité de Macky Sall du pouvoir, des amis que l’on croyait inséparables sont devenus des ennemis irréductibles.

Pendant ce temps, convaincu de son bon droit, Abdoulaye Sylla a poursuivi son combat solitaire, faisant face à de redoutables adversaires soutenus par des «officiels» qui, profitant de leurs positions au sein du gouvernement, ont tenté de déstabiliser Ecotra et son dirigeant. La guerre froide contre l’entreprise fut si rude et si longue qu’Ecotra dût arrêter ses activités et licencier de nombreux employés, tandis que certains journalistes étaient mobilisés pour présenter son patron comme un vulgaire prête-nom de Marième Faye Sall, voire de l’ancien président lui-même.

Après de longues périodes de disette, le gouvernement — alerté sur la situation dramatique de milliers de pères et de mères de famille — avait instruit l’un des créanciers d’Ecotra, la banque LBA, d’envisager une solution permettant d’avancer des fonds à la société. C’est à cette période que Pape Sané, un des collaborateurs de Walfadjri, s’est mis en scène et affirmer péremptoire «qu’un ministre de la République était impliqué dans un scandale visant à couvrir un homme d’affaires ayant floué une banque», une situation qui aurait pu conduire cette dernière à la faillite. Cette sortie malencontreuse avait entraîné la mémorable réaction du ministre des Finances, Cheikh Diba à l’Assemblée nationale, où il avait réclamé son droit à «une probité morale intacte, à l’image de celle du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko.»

Après ces épisodes de coups bas, c’est dans la dignité et la souffrance qu’Ecotra et son patron ont attendu le dénouement de cet imbroglio politico-judiciaire dans «lequel ils avaient été plongés sur instruction du PM qui veut tuer leur entreprise», leur disaient des visiteurs nocturnes qui les encourageaient «à les rejoindre dans l’opposition pour faire face à leur ennemi commun, Ousmane Sonko.» Entre-temps, des employés, privés d’activité et de ressources, ont sombré dans la détresse, certains allant jusqu’à perdre la vie dans des conditions de grande misère.

Finalement, au terme de ce long parcours, le tribunal correctionnel a rendu son verdict. Dans son délibéré de ce jeudi 4 décembre 2025, il a reconnu Zakiloullah Sow coupable d’escroquerie et l’a condamné à rembourser les 5 milliards de F CFA reçus d’Abdoulaye Sylla. Huit ans après les faits, Zakiloullah Sow est également condamné à verser 1 milliard de F CFA en dommages et intérêts, sanction assortie d’une contrainte par corps au maximum. Sur le plan pénal, une peine d’un an avec sursis lui a été infligée.

Avec l’AS Quotidien

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