La mise en esclavage de migrants en Libye continue de susciter des indignations à travers le monde. Passé le choc dû à l’émotion causée par le reportage inédit de la journaliste de CNN, la rédaction de Kewoulo.info qui avait comme invité son Directeur de publications, Babacar Touré, s’est penchée sur le sujet. Face à Angel Mendy, le journaliste grand voyageur pendant sa jeunesse a déclaré que le président Abdoulaye Wade, du Sénégal, avait une grosse part de responsabilité dans le drame des Africains en Libye.
Il n’est plus au pouvoir mais les conséquences des actions de l’ancien Président de la République du Sénégal, Abdoulaye Wade, le chantre du panafricanisme devenu le bourreau de l’Union africaine, continuent de se faire sentir sur le continent. Abdoulaye Wade que tout invite à une retraite paisible est subitement invité dans ce débat sur l’esclavage en Libye. Outré par la violence des images de CNN montrant la mise aux enchères de migrants africains pour servir d’esclaves, le journaliste Babacar Touré, Directeur de Publications de Kewoulo.info a annoncé qu’il n’est pas surpris par le scoop de la journaliste américaine.
Faisant un bref rappel de ses souvenirs de jeunesse, celui qui, il y a 20 ans a fait le même parcours que ces migrants des temps modernes, a déclaré avoir découvert ce phénomène au Burkina comme au Niger. “Dans ces pays, les Bougobri comme les Béla sont la propriété de riches propriétaires. Pour la première fois de ma vie, j’ai vu des hommes et des femmes dire fièrement qu’ils étaient la propriété d’êtres humains,” a déclaré l’invité d’Angel Mendy. “Dés mon retour de ce périple africain, j’ai écrit en 2005 un livre qui s’appelait “Le festin des charognards”, livre republié en 2007 chez l’Harmattan sous le nom de “Cote d’Ivoire Violences d’une transition manquée“.
Dans cet ouvrage, l’auteur assure avoir attiré l’attention de la communauté internationale sur ces endroits considérés depuis longtemps comme des No man’s Lands. Aussi, Babacar Touré -qui croit que la mort de Mouammar Kadhafi a libéré les peurs et favorisé ce honteux commerce d’esclaves-, a déclaré que le président sénégalais, Abdoulaye Wade, a une grosse part de responsabilité dans le drame des jeunesses africaines. “Si lui, le patriarche de l’époque, n’avait pas accompagné Nicolas Sarkozy et son philosophe, Bernard Henri Levy, tuer Mouhamar Khadhafi, on n’en serait jamais là“, a soutenu Babacar Touré.
Après avoir martelé l’inexistence d’un Etat fort en Libye, puisque le pays est divisé entre le pouvoir de l’Union Nationale de Libye basé à Tripoli, celui du maréchal Khalifa Haftar à l’Est et des chefs de clans puissamment armés établis sur le reste du territoire Libyen, le journaliste-écrivain a regretté que le Sénégal qui, le premier avait reconnu le gouvernement du CNT libyen au moment où personne -en dehors de la France ou de la Grande Bretagne- ne misait sur lui, n’ait pas réussi à garder de bonnes relations avec Tripoli. “Si cette relation avait été mise à profit, la diplomatie sénégalaise aurait pu jouer un grand rôle; en allant extirper ces migrants africains des mains de leurs geôliers libyens.”
Bien que choqué de voir défiler en boucle ces images inédites pour notre époque, Babacar Touré -qui croit que le phénomène n’est pas nouveau-, a annoncé que “l’esclavage est toujours pratiqué en Mauritanie. Depuis longtemps, des Haratines sont réduits à l’esclavage et obligés de travailler pour des propriétaires maures. La communauté internationale qui ne peut pas ignorer ce phénomène a toujours fermé les yeux sur ça” Et le directeur des publications de Kewoulo voudrait que l’on profite de cette vague unanime d’indignation pour se pencher sur les racines du mal.
Pour lui, l’Union européenne qui finance les centres de rétention en Libye doit arrêter de d’injecter de l’argent dans l’économie criminelle de ces négriers. Aussi, l’invité d’Angel Mendy a demandé à l’Otan, puisque elle-seule dispose d’une force capable d’imposer sa loi dans ce pays de non droit et ce serait aussi une manière de nettoyer une partie du bazar qu’elle a causé, d’intervenir en Libye pour libérer nos jeunes. Comme la Libye, Babacar Touré voudrait voir finie la ségrégation raciale en Mauritanie; racisme qui permet à de notables de continuer impunément à maintenir leurs semblables dans la servitude.
