Le Président Ousmane Sonko a annoncé qu’il s’adressera au peuple le 8 novembre, pour dire la vérité. Cette annonce a suscité un élan d’attente et d’espérance dans tout le pays.
Mais si la vérité doit libérer, elle doit aussi éclairer. Et cette lumière ne peut être complète
que si elle éclaire également la maison commune : notre parti. En 1911, Roberto Michels
formulait la loi d’airain de l’oligarchie. Il démontrait que toute organisation politique, à
mesure qu’elle grandit, tend à se bureaucratiser, à se protéger d’elle-même, et à voir
émerger une élite convaincue d’être indispensable.
Cette élite finit souvent par défendre ses positions plutôt que ses principes. Michels en tirait une conclusion sans appel : sansdémocratie interne, aucune organisation ne peut rester fidèle à sa promesse. Cette vérité ancienne s’applique aujourd’hui à notre contexte. PASTEF est né d’une volonté de rupture avec les pratiques politiques d’hier, d’une exigence d’éthique, de vérité et de justice. Mais depuis un certain temps, des signes préoccupants apparaissent. Des logiques de proximité ont pris le pas sur le mérite. Des réseaux informels, plus puissants que les textes, décident souvent des orientations locales. Et dans certaines coordinations, des structures figées bloquent la respiration démocratique du parti.
On a souvent entendu, ici ou là, que “la démocratie interne risque de diviser le parti”. C’est faux. C’est l’absence de démocratie interne qui divise. C’est le sentiment d’injustice, de confiscation et d’invisibilité qui démobilise. Ceux qui se battent chaque jour dans les sections, dans les comités, dans les diasporas, malgré les verrous et les inerties, portent le parti à bout de bras. Il est temps que leur engagement soit reconnu — non pas symboliquement, mais institutionnellement.
Le Bureau politique, pour être fort, doit être relié à la base. Ses membres doivent être choisis parmi ceux qui ont un véritable ancrage local, capables de jouer ce rôle de transmission et de management équilibré, entre la réalité du terrain et la vision stratégique. Car un parti ne vit que par ce va-et-vient permanent entre la base et le sommet, entre la fidélité militante et la responsabilité politique. La démocratie interne n’est pas un luxe. Elle est la condition de survie de tout projet révolutionnaire. Elle doit être protégée des influences, garantie par des règles claires, appliquées par des organes neutres et respectées par tous. Elle ne déstabilise pas : elle renouvelle. Elle ne fragilise pas : elle fortifie. Le Président Ousmane Sonko n’a jamais cessé de rappeler l’exigence de vérité et de cohérence. Il n’est pas seulement le dirigeant politique d’un mouvement ; il en est le porteur du message initial, celui qui a donné forme et sens à l’espérance populaire.
Mais ce message, pour survivre au pouvoir, doit continuer à vivre dans la pratique du parti lui-même. Le 8 novembre, quand il parlera de vérité, nombreux sont ceux qui espèrent qu’il dira aussi cette vérité-là : celle que nous devons à nous-mêmes. La vérité qui demande du courage. La vérité qui ne blesse pas, mais qui libère. La vérité qui ramène le parti à son essence — celle d’un mouvement de citoyens libres, conscients, et fiers d’appartenir à une aventure fondée sur la justice, la dignité et la démocratie. Car le 8 novembre, ce n’est pas seulement un discours qui est attendu : c’est un signal, celui qui dira si la promesse initiale continue de vivre — ou si elle commence à se taire.
Neuchâtel, le 29 octobre 2025
Tidiane Sarr
Coordonnateur PASTEF – Neuchâtel (Suisse)
Tribune politique






































