La thèse du suicide, avancée par la police, via un communiqué laconique, ne convainc ni la famille ni les proches d’Élimane Touré, le transitaire mort en garde à vue dimanche soir dans les locaux du commissariat du Port.

Dame Diakhaté, un des amis de la victime, qui s’est penché sur la dépouille du transitaire, est formel : «À la morgue, j’ai vu le corps et je suis sûr que Élimane ne s’est pas suicidé.»

Il explique : «Il avait des blessures sur la joue droite jusqu’à hauteur du cou. Et quand quelqu’un se suicide par pendaison, il défèque ; cela n’a pas été le cas pour Élimane.»

En vue d’une action en justice, les amis du transitaire ont pris des photos de la dépouille. Des clichés mis à la disposition de la famille, qui entend les mettre à la disposition de leurs avocats.

Les doutes sont d’autant plus grands que lorsque les membres de la famille d’Élimane Touré ont rappliqué au commissariat du Port, pour être informés de la mauvaise nouvelle, ils n’ont pu voir le corps de leur parent. «Les policiers nous ont juste dit qu’il a été évacué par les Sapeurs Pompiers à la morgue de l’hôpital Aristide Le Dantec», s’est emporté l’un des frères du défunt.

Un autre proche d’Élimane Touré renchérit : «On nous a parlé de chambre VIP où le défunt aurait utilisé le drap pour se pendre. Au commissariat du Port, nous n’avons vu ni chambre VIP ni drap.»

«Le suicide, personne n’y croit», hurle-t-on à Yeumbeul où vivait le transitaire avec sa famille. Là où un agent du commissariat de Yeumbeul est venu le chercher dimanche dernier pour lui signifier son arrestation.

Lorsque le policier s’est présenté peu avant 15 heures, le transitaire se reposait dans sa chambre. Croyant que son frère est absent de la maison, sa sœur le déclare sorti. C’est de sa chambre que Touré s’est signalé à son visiteur en précisant qu’il ne se cachait pas.

Quelqu’un qui semble si sûr de son fait peut-il se suicider quelques heures plus tard alors qu’il n’était qu’en garde à vue ? Pour en avoir le cœur net, la famille a exprimé le souhait d’assister à l’autopsie, prévue ce mardi à 11 heures.

 L’Observateur