Le Sahel traverse actuellement une période de turbulences sans précédent, marquée par une recrudescence des violences. Les pays comme le Niger, le Burkina Faso et le Mali, déjà affaiblis par la lutte continue contre les groupes armés terroristes, font face à une vague d’attaques meurtrières. Le 14 décembre, une attaque près de la frontière du Burkina Faso a coûté la vie à près de 40 villageois au Niger, dans les localités de Libiri et Kokorou. Précédemment, la ville de Chatoumane avait subi l’assaut le plus meurtrier en six mois, causant la mort de nombreux soldats et civils, bien que ces informations aient été démenties par les autorités nigériennes.
En réponse à ces allégations, le Niger a suspendu la radio anglophone BBC pour trois mois, déposant également une plainte contre RFI, accusée de diffuser des informations erronées. Ce geste reflète une certaine fragilité des autorités nigériennes face à la menace djihadiste. D’autres pays sahéliens, comme le Burkina Faso et le Mali, membres fondateurs de l’Alliance des États du Sahel (AES), subissent également ces difficultés sous l’influence grandissante de la Russie.
Des événements dramatiques illustrent ces tensions, comme le double attentat à Bamako en septembre dernier qui a coûté la vie à 80 personnes. Ce drame, survenu lors de l’anniversaire de la création de l’AES, symbolise l’incapacité des autorités à contenir la menace malgré un soutien accru de la Russie. Notamment, au Burkina Faso, une attaque à Barsalogho a fait entre 200 et 400 victimes.
Le rapprochement des États du Sahel, tels que le Mali, avec la Russie s’accompagne de l’emprise de groupes paramilitaires comme Wagner, sans qu’une amélioration notable de la sécurité ait lieu. Les mercenaires auraient non seulement échoué à empêcher les massacres, mais se sont rendus coupables d’atrocités selon Human Right Watch, qui mentionne des exécutions sommaires de civils.
Ce contexte exacerbe aussi les crises humanitaires. Les habitants souffrent de déplacements forcés et de pénuries alimentaires, comme l’illustre l’exode de plus de 180 000 Burkinabè vers le Mali, documenté par le HCR. Les acteurs humanitaires se retirent progressivement, compliquant l’accès aux secours.
Par ailleurs, des mouvements géopolitiques ambitieux de la Russie s’observent en Afrique, avec des implantations en Guinée équatoriale et au Togo notamment, mais sans réelle assurance de stabilité. Une situation que le site Sud Quotidien décrit comme une illusion de « partenariat gagnant-gagnant », mettant en lumière les risques d’un soutien déséquilibré.
Babacar P. Mbaye, expert géopolitique, a partagé son analyse de la situation auprès de nos confrères de Sud Quotidien, soulignant les enjeux profondément enracinés dans ces changements stratégiques.
