Amnistie et polémique : La convocation d’Adji Sarr, une exigence sans fondement juridique ?

Amnistie et polémique : La convocation d’Adji Sarr, une exigence sans fondement juridique ?

Lors de l’examen du projet de loi d’interprétation de la loi d’amnistie, adopté ce mercredi 2 avril, des députés du parti Pastef ont demandé la convocation d’Adji Sarr. Selon eux, les accusations de viol qu’elle avait portées contre Ousmane Sonko, alors principal opposant politique, ont été l’élément déclencheur des violences meurtrières qui ont marqué le Sénégal entre 2021 et 2023.

Interrogé sur la recevabilité d’une telle requête, le juriste-consultant El Amath Thiam, président de l’organisation « Justice sans frontière », estime qu’elle dépend avant tout de l’appréciation du magistrat en charge du dossier. « Tout repose sur la décision du juge. Si ce dernier considère qu’Adji Sarr est concernée par une procédure en cours, que ce soit en qualité de témoin ou de suspecte, il peut légalement la convoquer, voire émettre un mandat d’arrêt à son encontre », explique-t-il dans un entretien accordé à L’Observateur ce jeudi 3 avril.

Toutefois, précise-t-il, un mandat d’arrêt international ne peut être émis que si la personne concernée est en fuite pour échapper à la justice. Or, ce n’est pas le cas d’Adji Sarr, qui n’était sous le coup d’aucune poursuite judiciaire lorsqu’elle a quitté le Sénégal, peu avant l’élection présidentielle du 24 mars 2024. À ce jour, sa destination demeure inconnue.

Concernant l’affaire judiciaire qui l’opposait à Ousmane Sonko, celle-ci s’était conclue par la condamnation de l’ancien maire de Ziguinchor pour corruption de la jeunesse. De ce fait, selon El Amath Thiam, la convocation d’Adji Sarr dans le cadre de la loi d’amnistie ne se justifie pas juridiquement. « Cette affaire relève du domaine privé et ne concerne en rien l’amnistie en discussion », tranche le président de Justice sans frontière.

Ainsi, bien que la demande des députés de Pastef s’inscrive dans une dynamique politique, son aboutissement demeure incertain au regard des règles de procédure judiciaire.

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