Dans son dernier rapport sur les finances publiques, la Cour des comptes met en lumière une irrégularité majeure concernant le financement de l’Université Amadou Makhtar Mbow. Elle révèle que l’État du Sénégal s’est porté garant d’une convention représentant un engagement de 45 milliards de FCFA, sans autorisation préalable ni inscription dans les registres de la Direction de la dette publique.
Ce financement s’inscrit dans un ensemble plus large de 2 265,45 milliards de FCFA de dettes contractées en dehors de toute traçabilité budgétaire et réglementaire. Plus préoccupant encore, aucune des entreprises membres du groupement initialement attributaire du marché de construction de l’université ne figure dans la convention de financement. Les fonds ont finalement été alloués à l’entreprise Marylis BTP, dirigée par Adama Bictogo, sur la base d’un mandat ad hoc, puis débloqués grâce à une garantie souveraine de l’État qui a permis de lever les fonds auprès de la Bank of Africa.
La garantie de l’État, signée le 6 avril 2017, a permis à Marylis BTP de mobiliser l’intégralité du prêt. Toutefois, le contrat a été résilié quelques mois plus tard, le 27 décembre 2017, en raison de manquements graves constatés sur le chantier. Marylis BTP, qui ne faisait pas partie du groupement adjudicataire initial et qui a par la suite été placée en liquidation judiciaire, n’a donc pas honoré ses engagements contractuels.
La SOGIP, société publique ayant porté l’opération, se retrouve aujourd’hui quasi contrainte d’assurer le remboursement du prêt. Et ce, à un taux d’intérêt de 6 % hors taxes, largement supérieur au plafond de 3 % exigé dans le règlement de la consultation initiale.
Libération
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