C’est une information de taille que l’État, les collectivités locales et coutumières comme les populations avaient ignoré et qui nous a conduit à ces jours d’émeutes connus dans le paisible quartier des Alamdies. Alors que les populations, surtout jeunes, de Ngor avaient rendu amère le gout de la fête de Korité au député Farba Ngom et aux escadrons de gendarmerie dépêchés sur les lieux pour ramener de l’ordre dans le village entré en rébellion, tout le pays s’était demandé ce qui était à l’origine des tirs de grenades qui se sont fait entendre jusqu’à Yoff et Ouakam et qui ont empêché les populations de fêter la fin du ramadan. Et d’aller, pour certains, s’acquitter de la prière du vendredi.
Si à Ngor, le discours est que “la gendarmerie a décidé de prendre une parcelle communale pour y ériger une caserne sans consultation alors que la mairie avait un projet de lycée sur le site”, du côté de l’État ça a été le silence total durant le weekend. Pendant ce temps, à Ngor, conscients qu’ils pourraient être des «cibles désignées», si un terme n’est pas mis à cette situation, des responsables politiques comme Mame Mbaye Niang et Youssou Ndour ont décidé de se rapprocher des notables de Ngor pour négocier. Et trouver une sortie de crise. Le vendredi dernier, ce sont des dizaines de jeunes qui, passant par les plages, auraient réussi à entrer aux Almadies s’en prendre à des maisons présumées appartenir à des pontes du régime. Si les maisons de Pape Diop et d’Abdoulaye Baldé n’ont reçu que des jets de pierres et de cocktails molotov, une partie de la rutilante demeure de Farba Ngom, le griot et homme de confiance du chef de l’État, Macky Sall, a été incendiée. A Ngor, personne n’a voulu revendiquer ce crime d’incendie volontaire.
A en croire de nombreuses personnes originaires de Ngor, “ce sont des nervis qui ont mis le feu à la maison de Farba Ngom et à des voisins.” Ces mêmes nervis, à qui certains Ngorois font porter les habits de pyromanes, ont été montrés dans des vidéos amateurs, les armes à la main, tirant sur des manifestants. Alors que le maire de Ngor comme des notables de la communauté Lébou sont sortis pour condamner “le forcing de l’État” et que Ouakam et Yoff auraient décidé d’entrer dans “la bataille”, Kéwoulo a cherché à savoir ce qui est à l’origine de ce conflit.
Et aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, nous avons découvert que la parcelle que les Ngorois refusent de voir la gendarmerie occuper est bel est bien une propriété de l’État du Sénégal. Dans un extrait de droit réel dont Kéwoulo a eu copie, il est mentionné que le titre foncier n°9492 de Grand Dakar (ex-25.938/DG) reporté au livre foncier de Ngor Alamdies sous le N°13.334 NGA, est la propriété de l’État du Sénégal. Ce terrain objet du litige fait une superfine de 6387m2 est situé à Dakar Almadies et était réservé pour la nécessité d’agrandir la toute de l’aéroport menant vers Ouakam en passant par les Almadies. C’est donc un conflit né à la suite de la volonté de l’État de reprendre un bien qui lui appartient. Voici ci-dessous le fameux document des droits réels.
