Connu sous le nom de Neega Mass, Massamba Thiam à l’ état civil, a passé les plus belles années de sa vie en Casamance, au Sud du Sénégal. “Artiste compositeur panafricain”, comme il se définit lui même, il est à l’origine d’un nouveau genre musical dans lequel les afro-descendants revendiquent leur fierté d’être noirs.
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Après “Adouna“, que les mélomanes ont découvert en 2015, il a conquis son public avec un second album, “l’Enfant du Nil“, un clin d’œil à cette Egypte mère des civilisations. Ensuite, ce sera un album au titre plus qu’intrigant, “l’œil invisible.” L’œil de Caien, le grand œil du grand maitre, celui qui surveille.
Parce que, contrairement à ceux qui veulent voir de l’égocentrisme ou de l’ésotérisme derrière cet œil équivoque de Neega Mass, ce regard inquisiteur et espion de l’enfant du Nil est celui du peuple spolié d’Afrique qui surveille “les élus aux gros ventres.” “Ces grands voleur de la République”, comme il le dit lui même.
Neega Mass, c’est aussi un homme très attaché aux littératures négro-africaines. Et il est l’un des artistes les plus influencés par les penseurs et intellectuels africanistes du ce siècle et du siècle dernier comme Cheikh Anta Diop, Marcel Amondji, Valérien Mudimbe, Mongo Béti, Théophile Obenga, Jean-Marc Ela, Stanislas Adotevi.
A l’image de ces pères de la fierté noire, il prône le retour des Africains à leurs origines. Il est pour la libération du peuple noir et pour une prise de conscience de la jeunesse africaine et afro-descendance tel que l’ont préconisé les professeurs Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga.
Après quelques années d’absence, “l’enfant terrible de Ziguinchor” nous revient sur scène avec cet opus qui signe son retour aux sources, “la Casamance.” Il n’est pas né en Casamance; c’est pour punir l’enfant têtu qu’il était que ses parents l’ont envoyé à Ziguinchor. Et la découverte des rues de la Casamance, de la chaleur et de la sincérité de ses habitants ont conquis le jeune dakarois.
La Casamance, c’est aussi la région qui a accompagné les premiers pas de cet enfant touche à tout qui s’essayait au micro lors des Foureuls et autres podiums de Rap. C’est elle qui l’a accompagné jusqu’à Dakar avant que ses fils ne deviennent ses plus assidus fans à travers l’hexagone.
Et aujourd’hui qu’il est en train de monter les escaliers du succès avec un public de plus en métissé, Neega Mass n’a pu s’empêcher de repenser à sa Casamance. Cette région bénite qui se nourrit d’espérance. Cette terre remplie de vertus qui lui a tant donné de cette force mystique qui lui sert à passer facilement des obstacles de ce monde.
Voir la meurtrissure qui a pris possession de “sa Casamance” ne plait guère à Neega Mass. “Parce que, pour lui, cette région où la femme respecte les codes et les couleurs du bois sacré, ne mérite pas ce triste sort.” Pour Neega Mass, “la Casamance est une terre sacrée où trop d’hommes sont massacrés, tués des deux camps pendant que nombreux autres ont été estropiés à vie par des mines que l’armée et le MFDC se renvoient la paternité.” Pour Massamba Thiam, “il est temps qu’on brise les frontières que l’ennemi -français- nous a tracés pour que la paix règne dans l’unité.”
