La polémique enfle à Calais après la mort d’un jeune exilé et un arrêté pris par la maire Natacha Bouchart en vue de l’organisation ce week-end d’un spectacle urbain autour d’un gigantesque dragon.
Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, un migrant est mort à Calais. Ce jeune Nigérian de 25 ans est décédé en essayant de faire « un petit feu dans une boîte de conserve pour cuisiner et se réchauffer » dans sa tente, ont annoncé plusieurs associations. Le jeune homme aurait été intoxiqué par le dégagement de fumées, a indiqué la préfecture du Pas-de-Calais. Il s’agit du troisième exilé décédé cette année dans cette ville du nord de la France, d’où les migrants tentent de gagner le Royaume-Uni.
« C’est un exemple qui montre les terribles conditions de vie des migrants à Calais », déplore François Guennoc, vice-président de l’Auberge des migrants. Pour les associations, c’est aussi un symbole, à l’heure où un arrêté municipal interdit « toutes occupations, abusives et répétées » de migrants dans le centre-ville, notamment lors de la distribution des repas.
Prise par la maire de Calais Natacha Bouchart le 18 octobre et justifiée notamment par « les troubles à l’ordre public (…) générés par les attroupements de migrants », cette décision vise à garantir « la bonne organisation » et la « sécurité » des festivités culturelles à Calais. Trois cent mille personnes étaient en effet attendues ce week-end pour un spectacle urbain de trois jours autour d’un gigantesque dragon en métal.
Plusieurs partis politiques de gauche ont dénoncé dans un communiqué intitulé « L’arrêté de la honte » « un nouvel épisode d’une démarche politique malsaine désormais bien rodée, qui stigmatise et divise au lieu de rassembler et de partager ».
L’Auberge des migrants, elle, n’entend pas se laisser faire. « On va continuer parce qu’il est absolument légal de distribuer des secours dans la rue aux gens en difficulté », prévient son vice-président François Guennoc. Les associations vont donc attaquer l’arrêté en justice.
À l’approche de l’hiver, elles dénoncent aussi la passivité des autorités. Elles attendent ainsi toujours de la part de la préfecture du Pas-de-Calais la mise en place d’un plan grand froid permettant l’ouverture d’abri pour les exilés. « Le plan tarde. Il aurait fallu que les personnes aient la possibilité de s’abriter depuis déjà plusieurs semaines, regrette François Guennoc. Parce ce qui est le plus difficile à supporter à Calais, c’est le froid humide ». Entre 300 et 400 migrants se trouvent actuellement à Calais.
