Elle est plus connue en psychologie comme le silence des émotions. Ou le silence tout court est-il devenu la marque identitaire du Sénégalais pourtant si bavard. Nous avons 400 partis politiques. Mais sur des questions politiques majeures. Silence radio. Nous avons des millions de facebookeurs ou ou abonnés sur différentes plateformes. Silences des émotions. Nous avons une crise au sud du pays, silence des émotions. Silence tout court. Ou lâcheté tout court.
Les insultes et intimidations psychologiques sont passées par-là. Les hurlements contre Aliou Cissé ne sont pas étonnants pour les observateurs de la société. Ce n’est pas seulement parce que ce sont des mécontents, mais beaucoup de ces jeunes n’ont de respect pour personne. C’est ce que nous refusons d’admettre. Plusieurs de nos enfants ne sont plus éduqués selon nos codes culturels. Les familles divorcées avec des enfants laissés dans les rues compliquent l’éducation des enfants. Certains insultent même leurs pères et mères. Les enfants sortent de nos maisons. Mais l’autorité parentale a disparu. Les enfants sont laissés à eux-mêmes dans les rues où ils apprennent à se battre et à subir les férocité des rues. J’ai vu des groupes ethniques qui détestaient des insultes ou un comportement inadéquat contre un aîné, insultaient sans management. Sans vergogne. Au-delà des systèmes de socialisation traditionnelle qui ont failli, notre école produit de plus en plus de minables produits depuis une trentaine d’années. Le niveau de violence symbolique et réel d’une partie de la jeunesse est la traduction exacte de la faillite de notre système éducatif.
Les insultes sont un appel de demande de sauvetage
Qui ose parler de la situation politique nationale même avec son partis pris ? Le refrain justificatif est connu ? Je ferai l’objet d’insultes. Personnellement, celui qui m’insulte, “MTSLN”. Une insulte académique et joyeuse pour les locuteurs en walaf. Il faut aller au-delà des insultes à minorer car Facebook est un nid grave de faux-comptes et de majorités sociologiques silencieuses. Il faut bien apprécier que la grande majorité de ce pays est d’une responsabilité assumée sur le plan électoral. Deux paradigmes organisent cette responsabilité. 1 – L’écrasante majorité des Sénégalais est en dehors des partis politiques. Ceci d’ailleurs n’est en rien spécifique au Sénégal mais traverse les imaginaires et les pratiques politiques dans le monde. 2 – Malgré leur indignation, ils ont en majorité leurs cartes électorales et iront tranquillement voter. Le reste même s’il faut éviter de sous estimer la minorité sociologique et les effets d’influence des réseaux sociaux, relève de la stratégie ou de la communication politique.
L’effort déformant ou l’effet miroir des réseaux est un indicateur qui mérite d’être réévalué plus objectivement. Lorsque dans le coin de nos villages vous lisez les réseaux sociaux, vous avez l’impression que nous sommes dans une tension extrême ou en guerre civile tant les cristallisations sont aiguës. Lorsque vous écoutez les pleurs ou mécontentements des Sénégalais de la Diaspora parfois déconnectés du pays, vous lisez la rage contre ce gouvernement ou simplement ce pays qu’ils brocardent alors qu’ils n’ont pas envie de revenir y travailler toutes proportions égales à elles-mêmes. Pourtant, plusieurs d’entre eux sont incapables de venir aider leurs communautés à construire une mosquée ou une église ou aider leurs royautés ou participer à la construction d’une maternité face à un État défaillant. Ils transfèrent leurs mécontentements et frustrations sur des dénonciations permanentes alors qu’ils ne sont d’aucune utilité pour leurs terroirs. Souvent ils n’ont même pas de cartes d’électeurs pour changer le pays s’ils n’attendent pas un billet de bus pour aller voter. Ce propos n’est pas exhaustif de la complexité du jeu social et politique. Mais il est réaliste. “Dina TSLND”. Wouni !!! Alaboni saaga.”
NB : Que personne ne vienne me dire ahh le sociologue, ahhh l’anthropologue, ahhh l’analyste. J’écris sur ce texte comme simple observateur. Certains ont un complexe envers ces professions.
