Quelques heures seulement après la décision du Conseil constitutionnel sur la loi interprétative de l’amnistie, le pays semble suspendu à un souffle collectif. Les réactions pleuvent. De toutes parts, des applaudissements, des communiqués soulagés, des déclarations triomphales. L’ambiance ressemble à une fin de match où les deux équipes prétendent à la victoire. C’est à se demander si le Conseil n’a pas inventé l’art de rendre tout le monde content.
Et moi, là-dedans ? Je suis perdu. Perplexe. Est-ce que je suis le seul à ne pas savoir qui a vraiment gagné ? Tout le monde jubile, et moi je scrute les visages pour y lire une vérité cachée. Est-ce de la satisfaction sincère ? Ou bien une posture politique savamment calculée ?
Ce qui est clair, c’est que la décision semble faire, du moins en apparence, l’unanimité. La classe politique, dans sa grande diversité, y trouve son compte. Le Conseil constitutionnel, en statuant ainsi, a réussi le tour de force de mettre tout le monde à l’aise. Ou disons plutôt : de ne fâcher personne… ouvertement.
Mais ne soyons pas naïfs. Dans cette euphorie générale, il y aura forcément un mauvais perdant. Un de ceux qui sourient devant les caméras mais rongent leur frein dans l’ombre. Un qui, sans l’admettre publiquement, digère mal cette décision qu’il juge peut-être injuste ou incomplète.
La politique, ce n’est pas une cour de récréation où tout le monde sort gagnant. Il y a toujours des non-dits, des frustrations silencieuses, des rancunes futures. Et cette décision, aussi consensuelle qu’elle puisse paraître aujourd’hui, risque bien d’alimenter demain d’autres colères, d’autres batailles.
En attendant, je reste là, dans ce flou étrange, à chercher des repères. Peut-être qu’il faut simplement accepter qu’en politique, la vérité est souvent multiple… et que la justice, parfois, a le goût du compromis.
Saisi par l’opposition à travers un recours en inconstitutionnalité, le Conseil a estimé que l’article premier ne respecte pas les principes constitutionnels, sans toutefois en préciser publiquement les motivations dans le communiqué initial.