Un ancien soldat gambien jugé et condamné pour torture aux États-Unis

Un ancien soldat gambien a été reconnu coupable de torture par un tribunal américain pour son implication dans des crimes commis alors que l’homme fort redouté Yahya Jammeh était au pouvoir dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. 

Michael Sang Correa a été reconnu coupable d’avoir participé à un complot visant à commettre des actes de torture contre des opposants présumés alors qu’il servait dans une unité militaire connue sous le nom de « Junglers ».

« La torture infligée par Michael Sang Correa et ses co-conspirateurs est odieuse », a déclaré le ministère de la Justice. 

Cette affaire fait suite à un procès d’une semaine à Denver, dans le Colorado, en vertu d’une loi rarement utilisée qui poursuit les crimes commis en dehors des États-Unis.

Correa a été arrêté pour la première fois aux États-Unis en 2019 pour avoir dépassé la durée de validité de son visa, trois ans après s’être installé à Denver où il aurait travaillé comme journalier.

L’homme de 46 ans a été accusé en 2020 de torture et de complot en vue de commettre la torture d’au moins six personnes en Gambie en vertu d’une loi rarement utilisée qui permet aux personnes d’être jugées par le système judiciaire américain pour des actes de torture prétendument commis à l’étranger.

Il s’agit du premier citoyen non américain à être condamné pour torture par un tribunal fédéral de district pour des crimes commis à l’étranger, selon le ministère de la Justice. La loi n’a été utilisée que deux fois depuis son adoption en 1994, mais les deux affaires précédentes concernaient des citoyens américains.

Le ministère de la Justice a déclaré que Correa « a tenté d’échapper à la responsabilité de ses crimes en Gambie en venant aux États-Unis et en cachant son passé ».

« Mais nous l’avons trouvé, nous avons enquêté sur lui », a déclaré Matthew Galeotti, chef de la division criminelle du ministère de la Justice.

Les preuves présentées au procès ont montré que Correa et ses compagnons Junglers ont torturé cinq personnes accusées d’avoir fomenté un coup d’État contre Jammeh.

Les victimes, parmi lesquelles des membres importants du cercle intime de Jammeh qui se sont brouillés avec lui, ont raconté au jury comment elles ont été torturées en étant électrocutées et étouffées avec des sacs en plastique.

Les procureurs ont déclaré mardi que Correa « a joué un rôle essentiel en infligeant cette torture aux victimes ».

Il risque une peine maximale de 20 ans de prison pour chacun des cinq chefs d’accusation de torture et pour le chef d’accusation de complot en vue de commettre des actes de torture, a déclaré le ministère de la Justice.

Ses avocats avaient fait valoir que Correa était un soldat de rang inférieur qui n’obéissait qu’aux ordres de ses supérieurs.

Mais alors que le jury a convenu qu’il y avait des preuves que les Junglers vivaient dans une « peur constante », les procureurs ont déclaré au procès que certains Junglers avaient refusé d’obéir aux ordres de torturer les victimes.

« Cette condamnation envoie un message clair : les auteurs de violations des droits de l’homme ne peuvent échapper à la responsabilité, quel que soit l’endroit où ils commettent leurs crimes », a déclaré Sirra Ndow, présidente de l’Alliance des organisations dirigées par les victimes en Gambie (AVLO).

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