Maurice Soudieck Dione alerte sur la dualité Sonko-Diomaye

Maurice Soudieck Dione alerte sur la dualité Sonko-Diomaye

Le Mouvement Y en a marre a tenu un panel pour la commémoration du 23 juin 2011. Une occasion pour le constitutionnaliste Maurice Soudieck Dione de revenir sur l’évolution du régime démocratique sénégalais. Le panéliste pointe du doigt les failles persistantes du système institutionnel. Selon lui, les dérives ayant conduit à la mobilisation du peuple sénégalais ce jour-là, notamment contre le projet de « ticket présidentiel », témoignaient déjà d’une tentative grave d’instrumentalisation de l’État de droit. « La démocratie ne peut s’imposer par la force », insiste-t-il. Et de rappeler : « La souveraineté appartient au peuple, et non à une élite politique tentée par l’accaparement du pouvoir. »

Pour Maurice Soudieck Dione, le divorce entre les citoyens et les institutions reste aujourd’hui profond. Il rejette le discours selon lequel les blocages institutionnels viendraient du fait que nos textes sont d’inspiration occidentale. À ses yeux, cette thèse n’est qu’un prétexte pour justifier des pratiques antidémocratiques. « L’enjeu n’est pas l’origine des textes, mais la manière dont ils sont appliqués et appropriés par les gouvernants », affirme-t-il. Il rappelle d’ailleurs que l’histoire précoloniale du Sénégal, avec des figures comme Souleymane Bal ou les souverains du Sine, du Fouta et d’ailleurs, a incarné, bien avant l’État moderne, des formes de limitation du pouvoir.

Sur un autre volet, l’universitaire lance une mise en garde claire contre les risques de confusion des rôles au sommet de l’État, en particulier avec le retour du poste de Premier ministre. Selon lui, « si les rapports entre le chef de l’État et le chef du gouvernement ne sont pas clairement définis, cela pourrait engendrer une dyarchie, source d’instabilité et de blocages institutionnels ». Il invite à clarifier ce rapport de force à travers une réforme constitutionnelle qui éviterait les chevauchements de prérogatives. « Il faut donner au président la légitimité populaire, mais sans que son pouvoir ne devienne absolu », précise-t-il.

Au-delà de cette question, Maurice Soudieck Dione appelle à des réformes structurelles profondes : « une refonte du statut du procureur, souvent accusé d’être sous l’influence de l’exécutif, une véritable séparation des pouvoirs, et un renforcement de l’indépendance des corps de contrôle de l’État ». Il déplore notamment « la persistance du mandat de dépôt systématique » et plaide pour « une justice qui protège les citoyens, au lieu d’être un levier de répression politique ». « La démocratie, ce n’est pas simplement la règle de la majorité ; c’est aussi la garantie que la minorité puisse jouer pleinement son rôle de contre-pouvoir », conclut-il.

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